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Hervé Le Treut et Christian de Perthuis : Quel climat préparons-nous pour demain ?

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Le mardi 5 juin 2018, le Président Brice Lalonde recevait Hervé Le Treut, de l’Institut Pierre-Simon-Laplace, et Christian de Perthuis, Fondateur de la Chaire Économie du Climat de l’Université Paris-Dauphine, afin d’évoquer les coûts actuels et futurs du dérèglement climatique et les solutions à privilégier pour juguler la hausse des températures.

(De gauche à droite : Serge Lepeltier, Brice Lalonde, Christian de Perthuis, Jean Bergougnoux, Jean-Pierre Hauet, Gilles Rogers-Boutbien)

Aujourd’hui, le consensus est presque total : le dérèglement climatique est une évidence et ses effets sont de plus en en plus visibles. C’est dans ce contexte que le climatologue Hervé Le Treut et l’économiste Christian de Perthuis ont axé leurs introductions sur un constat clair : avec dix milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, la dette climatique ne cesse de monter ; et sur une nécessité : « il faut remettre la dette climatique à zéro d’ici la fin du siècle ». A propos de ces réalités, Hervé Le Treut notait que « l’idée [de ne plus émettre de CO2] fait son chemin dans l’esprit de nombreux dirigeants », et que c’est en ce sens que le Ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot a présenté en septembre dernier le Plan Climat qui vise la neutralité carbone à l’horizon 2050. Toutefois Hervé Le Treut précisait que cette volonté de lutter contre le risque climatique se heurte aussi à d’autres risques – sociaux, économiques, militaires, environnementaux, etc. – et exige des arbitrages qui peuvent s’avérer compliqués.

Lire aussi : Serge Lepeltier : « Il faut sortir les chercheurs et les scientifiques des laboratoires »

Une nécessité : ne pas superposer les énergies propres et les énergies fossiles

Quant à Christian de Perthuis, il rappelait qu’historiquement chaque fois qu’une nouvelle source d’énergie était découverte, elle s’empilait sur celles déjà existantes. On le constate avec le bois et le charbon qui, bien que découverts il y a plusieurs siècles, sont encore utilisés très largement dans le monde. Pour l’économiste de l’Université Paris-Dauphine, tout le défi actuel est de changer l’histoire dans un « temps incroyablement court », en effet, il faut impérativement remplacer le « pétrole, le gaz et le charbon qui représentent 75 % des émissions de gaz à effet de serre ». Ces changements réclament un fort accompagnement des filières technologiques dans les systèmes énergétiques, agricoles et forestiers. Pour Christian de Perthuis, ces systèmes agricoles et forestiers ont un grand rôle à jouer au niveau de la captation du CO2 et sont encore trop peu pris en compte dans les politiques de lutte contre le dérèglement climatique. Ce changement de paradigme nécessite également que l’on donne une valeur économique au climat via une « tarification explicite ou implicite ». A ce titre, l’économiste appelle à être particulièrement vigilant envers les taxes positives qui provoquent le plus souvent un « effet rebond » et les formes de soutien indirect aux énergies fossiles comme le chèque énergie qui permettent aux ménages d’acheter des fossiles polluants comme le fioul.

D’autres avis sur la transition énergétique : L’économie soutenable pour décarboner la planète – Atelier-Débat avec Jean-Marc Jancovici

Quelles conséquences pour les pays émergents ?

Outre la question du passage à une économie décarbonée, de nombreuses interrogations des participants à l’Atelier-Débat se sont portés sur les pays émergents. En effet, ces derniers ont la double particularité de devoir développer rapidement une société énergétique en adéquation avec leurs besoins grandissants et d’être très affectés par les conséquences du dérèglement climatique.

Pour nos deux invités, les pays émergents et plus particulièrement ceux d’Afrique subsaharienne sont des grands défis, car c’est dans ces espaces que peuvent se développer des « choses nouvelles très innovantes ». Hervé Le Treut soulignait que l’enjeu était énorme et tout particulièrement pour ces régions car plus qu’ailleurs, le dérèglement climatique est « porteur de conflit » et constitue un risque pour la biodiversité.

En savoir plus sur la décarbonation de l’économie : EdEn présente son cahier d’acteur PPE : remettre la transition énergétique dans la bonne voie

Les mots du Président

Dans sa conclusion, le Président Brice Lalonde est revenu sur le risque « d’effondrement » que fait courir le dérèglement climatique. Ce risque existe bien qu’il ne soit pas assez pris en compte par les contemporains dans la compréhension de la « chaîne des événements ». Ainsi pour développer sa démonstration, le Président d’EdEn a rapproché les incendies de tourbe de l’année 2010 en Russie qui ont causé la baisse des exportations alimentaires vers la Méditerranée – et donc l’augmentation des prix – avec les Printemps arabes de 2011.

Plus d’interventions de Brice Lalonde : 2018, priorité absolue à la réduction des émissions

Ce qu’en pense EdEn

Notre association rejoint les propos de nos deux invités Hervé Le Treut et Christian de Perthuis, il est plus que jamais nécessaire de remplacer les énergies carbonées par des énergies décarbonées afin de juguler le dérèglement climatique. Pour ce faire, EdEn considère qu’il faut prendre des mesures et favoriser les solutions qui ont le meilleur rapport coût/tonne de CO2 évitée. Concernant la question des taxes, bien qu’EdEn rejoigne Christian de Perthuis sur la nécessité de mettre une « valeur climat », nous restons néanmoins attentifs à ce que les dispositifs prévus ne versent pas dans l’écologie punitive.

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