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Le bâtiment dans la Transition Énergétique : Quelle consommation d’énergie pour le bâtiment du futur ?

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Ce mardi 10 juillet, c’est en partenariat avec les Annales des Mines que l’association Equilibre des Energies (EdEn) organisait un Atelier-Débat sur le thème du Bâtiment du futur. Dans un contexte législatif qui met le Bâtiment au cœur de l’actualité avec le vote de la Loi ELAN et la présentation du Plan de rénovation énergétique, le Président Brice Lalonde accueillait Yamina Saheb du réseau international OpenExp d’experts en transition énergétique et le Président du Comité scientifique, économique, environnemental et sociétal d’EdEn Jean-Pierre Hauet

(De gauche à droite) Gilles Rogers-Boutbien, Brice Lalonde, Yamina Saheb, Jean-Pierre Hauet

Pour nos deux invités qui ont aussi contribué au numéro d’avril des Annales des Mines consacré au « le Bâtiment dans la transition énergétique », le constat est clair : le secteur du Bâtiment est une clef dans la lutte contre le dérèglement climatique. En effet, il représente pas moins de 31 % des émissions de CO2 et 40 % de la consommation finale d’énergie et demande la mobilisation de plusieurs centaines de milliards d’euros.

Face à ces problématiques tant physiques que financières, il est important de fixer des objectifs clairs et hiérarchisés. Le premier d’entre eux : la décarbonation est inscrit dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte (« Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % entre 1990 et 2030 et diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050 »). Que peut-on faire pour accélérer la décarbonation ? A cette question, le Président du comité scientifique d’EdEn affirme qu’il faut adapter les outils réglementaires à la nécessité de réduire les émissions de CO2. Par exemple, la mesure des consommations en énergie primaire, qu’on retrouve dans le diagnostic de performance énergétique (DPE) ou dans la réglementation thermique 2012 (RT 2012), a pour effet de pénaliser l’électricité décarbonée au profit d’énergies fossiles…De plus, Jean-Pierre Hauet considère que dans le logement neuf rien ne sert « d’aller plus loin que la RT 2012 dans le bâti » car ça n’a pas de sens économique et climatique d’avoir des bâtiments sur-isolés qui utilisent massivement des énergies fossiles.

Lire aussi : EdEn présente son cahier d’acteur PPE : Transition énergétique dans le Bâtiment

Multiplication des rénovations légères ou rénovations lourdes : quelle allocation idéale des ressources ?

Le problème de la rénovation ne résulte pas d’un manque de moyens (14 milliards d’euros sur le quinquennat pour la France) mais plutôt de l’allocation des ressources, c’est sur ce sujet que Yamina Saheb et Jean-Pierre Hauet divergent. Eléments d’explication :

Selon Yamina Saheb, il faut privilégier les rénovations lourdes au niveau bâtiment basse consommation (BBC), pour un coût qu’elle évalue à d’environ 300 euros le m2. Yamina Saheb estime que c’est grâce à un bâti intrinsèquement sobre que les solutions intelligentes trouveront toute leur efficacité et permettront de vraiment réduire les consommations. Par ailleurs, elle défend aussi l’idée que les appareils présents dans les logements (réfrigérateur, four, etc.) doivent être adaptés au nombre d’utilisateurs, il est dommageable que les ménages achètent des solutions surdimensionnées.

Partageant le constat que les logements anciens sont un « problème important », dû au fait que le patrimoine français est en très mauvais état et nécessite plusieurs centaines de milliards d’euros d’investissements, Jean-Pierre Hauet plaide pour une accélération de « la baisse des consommations d’énergie [en énergie finale] », notamment grâce à des rénovations légères qui viseraient le chauffage et l’isolation et permettraient d’atteindre l’objectif de 500 000 rénovations par an. Toutefois, cette baisse des consommations ne « suffira pas », même si l’ambitieux objectif de réduction par deux était atteint, il « en restera encore la moitié ». Afin de diminuer l’impact de ce stock, il n’y a pas d’autre solution que de remplacer massivement les énergies fossiles carbonées par des énergies décarbonées – électricité, géothermie, bois – tout en sensibilisant les citoyens et les entreprises à l’efficacité et à la sobriété énergétiques.

Plus sur la rénovation : Philippe Pelletier : « Eradiquer, d’ici dix ans, 1,5 million de passoires thermiques »

Le mot du Président

Le Président Brice Lalonde a tenu à remercier les deux invités à cet Atelier-Débat sur le Bâtiment, qui ont apporté des propositions concrètes à une problématique qui en a plus que jamais besoin. Toutefois, il a regretté que par manque de temps, la question de l’intégration des énergies renouvelables dans le bâtiment, et plus particulièrement de la chaleur renouvelable, n’ait pu être évoquée alors que son essor pourrait avoir un impact important dans le futur.

De plus, Brice Lalonde a rappelé qu’il ne fallait pas oublier la question de l’adaptation au changement climatique. En effet, comme nous l’ont montré plusieurs événements récents, il est primordial d’avoir des logements qui résistent aux aléas de la nature.

Ce qu’en pense EdEn

EdEn rappelle ses convictions sur le Bâtiment : l’objectif de décarbonation doit être prioritaire et le cadre réglementaire incitatif doit être revisité en ce sens. De plus, notre association préconise deux opérations de grande ampleur qui permettraient de réduire très fortement les émissions de CO2 :

  • Le remplacement des millions de convecteurs d’ancienne génération (avant 1995) chez les ménages précaires par des radiateurs intelligents qui font pleinement appel au numérique. Accompagné de travaux légers (isolation), cette opération permettrait de diminuer sensiblement les consommations et de diminuer l’impact de la pointe sur le réseau ;
  • Le remplacement des chaudières traditionnelles fonctionnant au fioul ou au gaz par des pompes à chaleur hydrides afin de diminuer de 75 % la consommation fossile des installations.

En savoir plus : Conférence de Jean Bergougnoux aux Arts & métiers ParisTech

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