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Nous faisons partie du problème, mais surtout de la solution !

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Concessions, construction, énergie : dans tous ses métiers, VINCI est engagé dans une dynamique qui vise à réduire l’empreinte de ses activités et, surtout, à accélérer la transformation environnementale du cadre de vie, des infrastructures et de la mobilité.

« Oeuvrer pour un monde durable », telle est l’ambition que s’est donnée VINCI. Que signifie- t-elle ? Quels sont vos objectifs et priorités au cours des prochaines décennies ?

Xavier Huillard : Peu avant la pandémie de la Covid-19, nous avions lancé une campagne intitulée « Faire oeuvre utile », en nous inspirant de ce que le philosophe Michel Serres, amoureux des ponts, disait de nos métiers. Nous voulions souligner l’apport, pour la société, des ouvrages réalisés par nos équipes dans ce monde du BTP où l’humilité empêche parfois de célébrer à sa juste valeur le travail accompli. La pandémie a accéléré la prise de conscience de la fragilité de notre santé, en même temps que de celle de notre planète. Dans la continuité de « Faire oeuvre utile », « Oeuvrer pour un monde durable » est une façon de réaffirmer notre ambition face à l’urgence d’agir : nous voulons, par nos réalisations, être tout autant utiles à l’humanité que respectueux des limites de la planète.

Ce message renvoie aussi, très concrètement, aux engagements que nous avons pris en refondant depuis 2020 notre politique environnementale, sur trois axes prioritaires : agir pour le climat, avec l’objectif de réduire de 40 % d’ici 2030 par rapport à 2018 les émissions de gaz à effet de serre directement liées à nos activités ; optimiser les ressources grâce à l’économie circulaire, en réduisant l’extraction de matières premières et en favorisant le réemploi ; et préserver les milieux naturels, avec le développement d’une ingénierie écologique dans tous nos projets. Dans notre vision d’un monde durable, il y a aussi la conviction que nous ne pourrons aller vite et loin sur les questions environnementales que si nous nous appuyons sur une base sociale solide. Par nos métiers, notre culture d’entreprise humaniste, notre ancrage et notre empreinte dans les territoires, nous sommes des employeurs importants, responsables et actifs pour l’insertion des jeunes et de ceux qui sont éloignés du monde du travail. Nous sommes également engagés aux côtés des associations qui luttent contre l’exclusion, au travers de nos fondations d’entreprise et des actions solidaires de nos collaborateurs.

Comment comptez-vous atteindre votre objectif de réduction de 40 % de vos émissions directes en 2030 par rapport à 2018, et pensez- vous aller beaucoup plus loin à horizon 2050 ?

X. H. : L’objectif en 2050 est d’être à zéro-émission nette ! Oui, il y a du chemin à parcourir mais ce qui me rend optimiste, c’est le formidable élan d’adhésion de nos équipes à cet objectif. Nous avons lancé l’an dernier un grand concours interne, le Prix de l’environnement, pour recenser toutes les initiatives qui sont déjà mises en place et opérationnelles dans le groupe. Nous avons reçu plus de 2 500 dossiers venus de 120 pays, c’est dire si les forces vives de nos entreprises sont mobilisées ! Sous toutes les géographies, dans tous nos métiers, et quel que soit le niveau de responsabilité dans l’entreprise, chacun se sent concerné et veut agir pour la santé de la planète. Avec les solutions déjà présentes ou en cours de développement dans nos sphères de métiers et nos entreprises, nous pouvons atteindre une réduction de 30 %. Les 10 % supplémentaires viendront de l’innovation, d’avancées technologiques et de nouvelles idées comme il en émerge tous les jours dans un groupe qui réunit près de 260 000 salariés, et mobilise fortement ses équipes sur cet enjeu prioritaire. Les premiers résultats sont là : sur les trois dernières années, nous cumulons une réduction de l’ordre de 8 %. La dynamique est enclenchée.

Lire aussi : « VINCI Construction ouvre la voie à la transition énergétique dans le bâtiment »

L’impact de vos activités propres est important mais celui de vos émissions indirectes peut l’être encore plus. Comment oeuvrez-vous en ce sens sans pour autant porter atteinte à votre compétitivité ?

X. H. : Nous avons dévoilé le 12 avril dernier notre objectif concernant le scope 3, c’est-à-dire les émissions imputables à nos fournisseurs et à nos clients. Nous visons une réduction globale de 20 % d’ici 2030. Ce chiffre est amené à évoluer favorablement au fur et à mesure que montera en puissance la décarbonation des infrastructures de mobilité, des techniques de construction, des bâtiments et des sites industriels. Dans tous nos métiers, la mobilisation pour accompagner nos clients dans la réduction de leur empreinte va de pair avec nos efforts concernant nos propres impacts. Cela forme un tout, et je dois avouer que je suis impressionné par le foisonnement d’initiatives de nos équipes qui ont pleinement intégré aujourd’hui cet enjeu environnemental dans leurs offres comme dans leurs gestes quotidiens. Dans nos secteurs d’activité fortement émissifs, nous faisons partie du problème, mais surtout de la solution ! Quant à la question de la compétitivité, la réalité est que la performance environnementale, bien souvent, va de pair avec la performance économique, surtout si l’on raisonne sur le cycle de vie d’un ouvrage. Les solutions d’efficacité énergétique en sont le meilleur exemple et, avec le renchérissement des prix de l’énergie, leur retour sur investissement sera plus rapide. Notre démarche consiste à rechercher en même temps l’optimum environnemental et l’optimum économique, qui se rejoignent dès l’instant où l’on raisonne en termes d’efficacité opérationnelle, en y associant nos clients, nos fournisseurs et nos sous-traitants.

On parle beaucoup de la réduction des émissions mais nous sommes parvenus à un stade où l’adaptation au changement climatique devient indispensable. Voyez-vous s’ouvrir, en France et dans le monde, de nouveaux marchés sur ce thème ?

X. H. : La résilience climatique est un sujet crucial pour les constructeurs et opérateurs d’infrastructures que nous sommes. Nous avons incubé au sein de Leonard, notre plate-forme d’innovation et de prospective, la start-up Résallience : c’est un bureau d’études qui conseille de nombreux territoires en France et dans le monde sur l’adaptation des infrastructures et de leurs usages au changement climatique. De plus en plus, les épisodes climatiques extrêmes poussent les décideurs publics à entreprendre des travaux comme l’élévation d’un barrage pour éviter les inondations, la mise à niveau des systèmes d’évacuation des eaux pluviales, ou encore le renforcement de sols et de digues. Nous réalisons de plus en plus de projets de génie écologique et de restauration des milieux naturels, dont le bénéfice environnemental est multiple : réhabiliter une rivière avec des zones de prairies inondables va également être favorable au développement de la biodiversité tout en permettant, bien souvent, de capter du carbone dans les sols.

VINCI développe des parcs photovoltaïques au travers de ses filiales VINCI Énergies et Cobra IS,
mais aussi dans ses aéroports pour tendre vers la neutralité carbone.
© Photothèques VINCI et filiales, DR

Comment le groupe VINCI compte-t-il transformer l’autoroute et en faire une infrastructure bas carbone ?

X. H. : Nous y travaillons activement. VINCI Autoroutes a déjà signé quatre conventions « Autoroute bas carbone » avec des régions, des métropoles et des intercommunalités françaises. Les enjeux sont majeurs dans le secteur de la route, qui concentre neuf déplacements sur dix en France. Il s’agit en particulier d’accompagner le développement des véhicules électriques pour qu’ils ne restent pas cantonnés à des usages urbains et périurbains mais puissent être utilisés en toute confiance pour les longs trajets. L’autoroute jouera clairement un rôle d’entraînement dans cette bascule. Déjà, 60 % des aires de services du réseau VINCI Autoroutes sont équipées de bornes de recharge électrique et toutes le seront d’ici 2023. Il s’agit également de lutter contre l’autosolisme. VINCI Autoroutes a déjà créé 40 parkings de covoiturage qui offrent plus de 3 300 places gratuites et cette capacité va doubler au cours des prochaines années grâce au Plan d’investissement autoroutier. Une autre solution consiste à développer les transports en commun sur autoroute. Nous avons ouvert par exemple un pôle multimodal sur l’A10 au sud de Paris, à Longvilliers : les habitants du territoire peuvent se garer gratuitement (et même recharger leur véhicule électrique) et prendre un bus qui passe toutes les 5 minutes aux heures de pointe et circule sur une voie dédiée sur autoroute, pour rejoindre la gare RER de Massy. Cette solution permet de diminuer de 47 % les émissions de CO2 par rapport au même trajet en voiture individuelle.

Nos concitoyens adhèrent de plus en plus à la mobilité électrique mais estiment que l’équipement en bornes de recharge sur les autoroutes et voies rapides restent insuffisant. Que pouvez-vous leur dire ?

X. H. : Ils ont raison ! Le modèle économique actuel en France n’incite malheureusement pas à anticiper la demande. Aujourd’hui, l’installation des bornes est planifiée avec une vision de très court terme. Mais si l’on anticipe le fait que les véhicules à moteur thermique ne seront plus commercialisés dès 2035, alors on se rend compte de l’urgence à équiper massivement les aires d’autoroutes mais aussi les villes en bornes de recharge électrique. L’enjeu est de préparer dès à présent la reconfiguration en profondeur des aires pour accueillir des parcs de bornes et déployer des infrastructures électriques à la bonne échelle. Sur une aire comme celle de Montélimar sur l’A7, pendant un chassé-croisé d’été, la demande en recharge, quand la mobilité électrique sera devenue massive, pourrait s’élever à 40 MW, soit l’équivalent de la consommation électrique de l’aéroport d’Orly !

La décarbonation du secteur aérien est aussi une priorité. Quelles actions menez-vous dans ce domaine ?

X. H. : Le secteur aéroportuaire a été l’un des premiers à s’organiser à l’échelle mondiale pour mesurer et piloter la réduction de ses émissions de CO2, en se fixant des objectifs précis. C’est l’objet du programme international ACA (Airport Carbon Accreditation), auquel adhèrent toutes les plates-formes du réseau VINCI Airports. Nos trois aéroports japonais ont été accrédités en 2021 au niveau le plus élevé (niveau 4, « transformation ») et les aéroports de Londres- Gatwick, Lyon-Saint-Exupéry et Guanacaste (Costa Rica) se positionnent déjà au niveau 3+, compensant leurs émissions résiduelles. La décarbonation de l’activité aéroportuaire passe par tout un ensemble d’initiatives, parmi lesquelles l’implantation de parcs photovoltaïques (la puissance installée à l’échelle du réseau VINCI Airports atteint déjà 30 MWc), le renouvellement des équipements d’éclairage et de climatisation ou encore la conversion à l’énergie électrique des véhicules de services et des engins de piste. Nous agissons en parallèle pour accompagner les compagnies aériennes dans leurs propres efforts de décarbonation : nous avons commencé à déployer un système de modulation des redevances aéroportuaires en fonction de l’empreinte carbone des avions et à équiper nos plates-formes pour l’alimentation des aéronefs en biocarburants. À plus long terme, nous sommes très impliqués, aux côtés de grands acteurs industriels, dans le développement de la filière hydrogène appliquée au secteur aérien. Nous sommes aussi cofondateur du plus grand fonds mondial d’investissement dédié aux infrastructures d’hydrogène décarboné.

Lire aussi : Des aéroports zéro carbone pour un secteur aérien en transition

Avec la RE2020, La France a adopté une nouvelle réglementation qui vise à minimiser l’impact sur l’environnement des bâtiments. Quelles sont les marges de progression pour construire des bâtiments plus durables ?

X. H. : Le poste le plus impactant dans notre activité de construction, c’est le béton. Dans ce matériau, le premier responsable des émissions de CO2 est le clinker. Depuis plusieurs années, en bonne intelligence avec les fabricants d’acier qui se sont aussi engagés dans la voie de la décarbonation de leur activité, nous travaillons sur de nouvelles formulations dans lesquelles le clinker est intégralement remplacé par un liant alcali-activé au carbonate de sodium. Nous avons ainsi lancé notre gamme de bétons bas carbone Exegy, et VINCI Construction s’est engagé à utiliser 90 % de bétons de ce type sur ses chantiers d’ici à 2030. Il faut compter aussi avec les marges de progrès associées aux équipements des bâtiments. VINCI Énergies est très en pointe sur le smart green building, avec des solutions qui allient sobriété énergétique, pilotage fin des consommations, amélioration des fonctionnalités et confort de vie pour les utilisateurs. L’intérêt de la RE2020, c’est qu’elle installe une vision de long terme de l’ouvrage bâti. De l’écoconception à la construction et l’exploitation, elle pousse à développer des solutions qui réduisent l’empreinte environnementale des bâtiments tout au long de leur cycle de vie.

Si vous aviez une initiative particulièrement emblématique à mettre en avant pour illustrer l’engagement de VINCI en faveur d’un monde durable, quelle serait-elle ?

X. H. : Je choisirais l’engagement « zéro artificialisation nette » de VINCI Immobilier, parce que nous sommes en avance de vingt ans sur le calendrier national – notre engagement est à horizon 2030, au lieu de 2050 pour l’objectif de la France. Cela illustre bien notre vision de la ville durable, qui se régénère et se reconstruit sur elle-même. Et si nous pouvons prendre un tel engagement, c’est parce que dans notre rôle de promoteur comme de constructeur, nous maîtrisons toutes les expertises pour convertir les friches industrielles, les dépolluer, aménager les espaces urbains et contribuer à inventer une nouvelle verticalité qui rime avec bien-vivre et exploite aussi les potentialités du sous-sol, encore trop peu explorées. La ville de demain commence aujourd’hui !

Xavier Huillard
Xavier Huillard
président-directeur général de VINCI
www.vinci.com
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