Si le plan de rénovation énergétique des bâtiments est au cœur de débats, son coût reste encore le principal obstacle à son développement. La notion de « valeur verte » est encore difficile à intégrer pour les propriétaires refroidis par les coûts des travaux.
Accélérer l’émergence de la « valeur verte » ou « valeur bâtiment responsable » est donc le premier enjeu présenté dans le rapport du groupe de travail du Plan Bâtiment Durable « Financement innovants de l’efficacité énergétique » piloté par Inès Reinman et Olivier Ortega.
« La valeur verte doit être entendue comme la valorisation donnée à un patrimoine aux performances énergétiques et environnementales élevées par rapport à un autre patrimoine aux performances énergétiques et environnementales plus faibles. Cette “valeur verte” se matérialise par une différence de prix de différents biens sur le marché, sur le critère de ses performances environnementales, toutes choses égales par ailleurs. »
Si la performance énergétique d’un bien immobilier était davantage mise en avant, la valeur qu’elle ferait gagner à un patrimoine donnerait alors un sens aux investissements nécessaires pour réaliser des travaux de rénovation. Elle deviendrait alors un facteur aussi important que son emplacement ou son esthétisme.
D’après l’étude « Analyse préliminaire de la valeur verte pour les logements » réalisée par l’ADEME, le prix d’un bien immobilier pourrait ainsi grimper de 5 à 30%. De quoi inciter les propriétaires. En effet, un logement équipé de technologies performantes électriques dépensera beaucoup moins d’énergie par la suite et permettra à de nouveaux acquéreurs de ne pas avoir à changer toute leurs installations avec le développement des EnR (ce qui ne sera pas le cas pour les installations de chauffage au gaz par exemple).
De plus, il pourrait être envisagé d’instaurer une taxe lors des transactions ou encore une modulation des impôts locaux en fonction de la performance énergétique des bâtiments.
“Pour plus d’efficacité, des mécanismes d’incitation périodiques pourraient se cumuler avec des mécanismes d’incitation ponctuels intervenant au moment des transactions immobilières portant sur des bâtiments non responsables. (…) Ces mécanismes peuvent être cumulatifs ou alternatifs à l’initiative des pouvoirs publics.”
Pour se faire, il sera cependant nécessaire de trouver des critères et un outil sur lesquels s’appuyer pour définir la notion de bâtiment responsable comme par exemple le Diagnostic de performance énergétique ou une certification.
Par la suite, la valeur verte pourrait également être progressivement prise en compte par les investisseurs qui verraient dans la performance énergétique d’un bâtiment une sécurité de solvabilité (factures moins élevée).
Le secteur tertiaire commence déjà à s’approprier ce critère de performance énergétique. Toutefois, pour le reste du marché français, la valeur immobilière continue de dépendre d’autres facteurs comme la localisation.
Une piste donc réellement pertinente puisque l’une des difficultés persistante reste aujourd’hui de convaincre les propriétaires de la réelle « plus-value » que procure une bonne efficacité énergétique à un bâtiment. Vous êtes d’accord?