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La RT2012 en vigueur aujourd’hui ne crée pas que des heureux

prix chantier
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Trente-cinq pour cent des artisans du bâtiment cette année, au lieu de 42% en 2010, pensent que les applications du Grenelle de l’environnement sont une opportunité selon les nouveaux résultats de l’enquête du CER FRANCE, 1er réseau associatif de conseil et d’expertise comptable. Ces professionnels observent que seulement 57% des acheteurs engagent des chantiers en écoconstruction depuis 2010. Pourquoi cette frilosité?

Le 28 octobre marque l’entrée en vigueur de la réglementation thermique 2012 qui s’impose d’abord aux constructions neuves avant de toucher plus tard la rénovation. Nous avons déjà écrit de nombreux articles sur le contenu de cette RT2012, inspirés des publications de la presse professionnelle et des réseaux sociaux. Cette interprétation des lois Grenelle 1 & 2 n’est pas simple à comprendre pour les français qui désirent, à près de 80%, réduire leur facture énergétique, avant de réduire leur consommation et donc leur trace carbone. Les forums de discussions sur ce thème sont animés par la volonté des particuliers de trouver des professionnels capables de traduire les nouvelles normes pour leur projet personnel et surtout leur budget. Les organisations professionnelles se mobilisent pour accroitre le nombre de formation des cabinets d’études, d’architectes, de constructeurs afin de répondre à cette attente dans toutes les régions françaises. Il existe en effet huit zones en France au sein desquelles les règles ne s’appliquent pas de la même manière, car le climat et les richesses naturelles varient. Les énergies renouvelables ne sont pas disponibles de manière équitable au chaque coin de l’hexagone et, a fortiori, dans les territoires et départements d’Outre-Mer.

L’Etat français subventionne le développement du photovoltaïque, de l’éolien… mais pas suffisamment et pas assez rapidement pour certains. Il faut aussi savoir que l’ancien monopole public Edf est chargé de prélever une taxe sur les factures électriques de tous les français afin de financer l’achat du KWh photovoltaïque privé, à un tarif largement plus élevé que celui vendu par l’énergéticien. Ces mêmes producteurs d’électricité solaire bénéficient de réductions d’impôt lors de leurs investissements. Alors, pour ceux qui ont les moyens d’investir dans l’écoconstruction, l’affaire n’est pas mauvaise à court terme.

Le blog de pages-energie.com dévoile cette enquête sur “Les artisans du bâtiment et écoconstruction” qui sera présentée mercredi 9 novembre au salon Batimat, porte de Versailles. On apprend notamment que 76% de ces artisans « n’envisagent » pas que leur entreprise obtienne des labels ou des certifications qualité environnementale. Sans doute, les couts de formation, les investissements pour obtenir ces labels freinent des professionnels qui attendent une croissance molle de 1% en 2012. Mais il faut aussi observer, dans batiactu.com, la hausse fulgurante des coûts de construction ces dix dernières années, due aux prix des matériaux et des énergies, qui se répercutent sur les coûts des opérations immobilières, où ils représentent environ 50 % de la facture totale. L’autre moitié est liée aux bureaux d’études, d’architectes et de normalisation (22 %), aux marges des vendeurs (9 %) et au foncier (en moyenne 17 %). Alors, si les consommateurs et les artisans du bâtiment sont frileux pour s’engager dans l’écoconstruction…l’hiver sera rude sur les fonds baptismaux de la RT2012!

Du côté des prix de l’énergie, il y aurait plus de 4 millions de français dans la précarité énergétique qui bénéficient d’un tarif social sur l’énergie. Une personne vivant seule est éligible avec un revenu de €634/mois. Évidemment, il est incontournable de réduire nos émissions de co2 dans les dix prochaines années, mais en respectant le rythme des investissements nécessaires imposés aux Français directement ou indirectement par l’État, et en maitrisant le prix des énergies. La raison voudrait que notre pays bascule progressivement vers des EnR au détriment des énergie carbonées, largement importées, au fur et à mesure que le prix du KWh « propre » devient compétitif et réactif à la demande. La France a hérité d’un patrimoine énergétique unique en Europe, qu’on le veuille ou non, proche d’une production à 80% d’origine nucléaire. Cette énergie critiquée pour des principes de précaution respectables offre encore les prix les plus compétitifs par rapport aux gaz et au fioul importés.

C’est justement le thème de cet article de Hervé Nifenecker dans l’Expansion, Président d’honneur du collectif  Sauvons le Climat, qui titre son billet : « Nucléaire et chauffage électrique ont toujours semblé aller de pair. Et si ce n’était pas forcément le cas ? Il développe son argumentaire sur une logique « économique et technique » et non partisane. Ce qui ressemble bien aux perceptions observées plus haut chez les consommateurs et les artisans du bâtiment. M. Nifenecker étudie cinq scénarios qui méritent le débat que nous animons pour un équilibre des énergies. Son cinquième scénario soutient que la production de chaleur est le secteur qui peut enregistrer la plus forte diminution de co2.  Il faudrait remplacer la production de chaleur assurée par des combustibles fossiles par du chauffage électrique. Ce scénario n’est possible qu’avec une hausse de la production totale d’électricité. « Bien sûr, il faut que le nombre de Mtep de gaz nécessaire pour produire l’électricité supplémentaire pour le chauffage ne soit pas significativement supérieur à celui économisé en renonçant au chauffage au gaz et au fioul » écrit-il. L’idée est d’autant plus intéressante que les EnR produisent aussi de l’électricité qui peut chauffer l’habitat avec une gestion au degré près avec les nouvelles générations de radiateurs ou Pompes à Chaleur.

Il semblerait que la solution équilibrée pour les neufs millions de bâtiments à rénover en dix ans se focalise dans l’isolation des résidences. Sinon, une chose est certaine aujourd’hui avec la RT2012, les débats d’idées ne font que commencer. Vous en pensez quoi?

 

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