En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation de cookies pour mesurer l'audience de notre site.
FERMER

La Rochelle : pour une transition énergétique globale

Par le |

La Rochelle a longtemps fait figure de pionnière en matière d’écologie urbaine. Avec son grand projet « La Rochelle Territoire Zéro Carbone », elle prend à nouveau un temps d’avance en se fixant comme objectif de devenir le premier territoire littoral urbain français « zéro carbone ».

Dès les années 1970, La Rochelle a pris des mesures pour protéger son environnement et réduire les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre sur son territoire.

Très tôt, La Rochelle a pris la mesure des grands enjeux environnementaux. Elle a créé l’un des premiers secteurs sauvegardés de France pour protéger et mettre en valeur son centre-ville, puis le premier secteur piétonnier. Dès 1971, elle mettait en place des analyses régulières de l’air. Cinq ans plus tard, elle inventait le libre-service vélos avec ses fameux « vélos jaunes ». Les premiers capteurs solaires pour l’eau chaude sanitaire en habitat collectif sont apparus en 1977. En 1988, la ville s’est dotée d’un réseau de chauffage urbain associé à l’usine d’incinération des déchets ménagers.

En 1995, elle a été, une nouvelle fois, parmi les premières collectivités à se lancer dans le tri sélectif des déchets. Un an après, elle se dotait d’une charte de l’environnement afin de préserver ses ressources naturelles et protéger sa biodiversité. L’année suivante, elle imaginait la première « journée sans voiture ». Devenue aujourd’hui ville référente au niveau européen en matière d’éco-mobilité, elle participe régulièrement à des expérimentations pour le développement de nouvelles solutions de déplacements propres.

Lire aussi : 21 mesures pour atteindre 5,2 millions de véhicules électriques en 2030

Je m’arrêterai là mais la liste est encore longue. De très nombreux projets portés par la ville et l’intercommunalité rochelaise, mais aussi par des citoyens, associations, entreprises, structures privées et publiques ont été développés en un demi-siècle. Sans pour autant que ces initiatives forment un tout ou ne soient même envisagées comme tel.

D’une somme d’actions à une stratégie territoriale

C’est finalement à la faveur de la cession par l’État à l’agglomération de La Rochelle d’un ancien terrain militaire qu’une véritable approche intégrée du développement durable a pris corps sur notre territoire. De cette friche de 27 hectares est né le projet Atlantech. Un quartier entièrement conçu, réalisé et exploité bas carbone, qui mêle habitat, activités économiques, recherche et formation.

Le fonctionnement des bâtiments et des activités limite au maximum les émissions de gaz à effet de serre et l’impact sur l’environnement, grâce à la production d’énergies renouvelables, à la valorisation des déchets, au réemploi et au recyclage, à l’éco-mobilité. Une halle de 6 000 m2, vestige du passé militaire du site, a été transformée avec des matériaux et produits innovants, donnant concrètement à voir et à comprendre ce qu’il est possible de faire en matière d’éco-construction et d’efficacité énergétique (bâtiment Lab In Tech). Grâce à cette expérience grandeur nature, nous stimulons le développement d’activités technologiques et de services dans les domaines des énergies renouvelables et de la réhabilitation des bâtiments. Atlantech a aussi joué le rôle de catalyseur en fédérant autour de la Communauté d’agglomération et de l’Université de La Rochelle, les principaux acteurs de la filière de la réhabilitation urbaine durable (grands industriels, organismes publics, chambres consulaires, chercheurs…).

Lire aussi : « C’est aux territoires d’inventer leur avenir écologique » – Anthony Cellier, Député du Gard

Véritable vitrine technologique, économique et sociale du quartier durable de demain, Atlantech est aujourd’hui le projet partenarial le plus visible de l’engagement du territoire local en faveur de la transition énergétique en milieu urbain. Celui aussi qui nous a montré qu’ensemble, localement, nous avions le potentiel pour devenir le premier territoire littoral français à atteindre un bilan zéro carbone.

Véhicules électriques et vélos Yélo.
© Franck Moreau

Voir plus loin

Le positionnement littoral de La Rochelle constitue un vecteur de dynamisme et d’attractivité, mais aussi une source de vulnérabilité. Après la tempête Xynthia en 2010, qui a lourdement touché notre agglomération, nous avons tout mis en oeuvre pour protéger au mieux le territoire des submersions. Nous avons aussi choisi d’agir plutôt que de subir en nous attaquant aux causes.

À travers notre grand projet « La Rochelle Territoire Zéro Carbone », nous nous sommes fixés comme objectif de diviser par deux l’empreinte carbone du territoire dès 2030 et d’atteindre la neutralité carbone en 2040 en conjuguant sobriété, innovation et solidarité.

Ce positionnement unique constitue le fer de lance d’un programme ambitieux de développement à la fois humain et urbain. Nous voulons ouvrir la voie en démontrant qu’une autre trajectoire est possible grâce à une vision globale qui associe l’ensemble des acteurs du territoire.

La démarche est portée par cinq partenaires comprenant la Communauté d’agglomération de La Rochelle, l’Université, très en pointe sur l’isolation des bâtiments, l’association Atlantech, Port Atlantique La Rochelle et la ville de La Rochelle.

Avec ce consortium, nous avons réussi à créer une dynamique inédite et à entraîner plus de 130 partenaires dans notre sillage. « La Rochelle Territoire Zéro Carbone » traduit l’engagement pris par l’ensemble des acteurs du territoire, et des territoires voisins rencontrant des problématiques similaires, pour relever les défis environnementaux, lutter contre le dérèglement climatique et préserver la qualité de vie.

Notre démarche témoigne des compétences, initiatives et énergies à l’oeuvre au sein de notre agglomération. Elle les fédère, les amplifie et ouvre de nouvelles perspectives.

Aller plus vite, agir sur tous les fronts

Notre objectif est d’accélérer la transition et de permettre à chacun d’y contribuer. De nouveaux projets développés par des citoyens, associations, entreprises, collectivités et d’autres institutions pourront s’inscrire dans la démarche. C’est ainsi que nous atteindrons la neutralité carbone.

Profondément participatif, ce projet local de « ménagement » se distingue aussi par son approche systémique qui permet d’agir de façon continue et coordonnée sur cinq leviers : la préservation du littoral, la rénovation du bâti et la construction, l’écologie industrielle, la mobilité et les énergies renouvelables.

Le territoire rochelais va, tout à la fois, accélérer le développement des mobilités douces, favoriser la rénovation énergétique des logements et des bâtiments tertiaires, développer l’autoconsommation d’énergies renouvelables, restaurer les zones humides pour accroître les puits de carbone, multiplier les projets d’écologie industrielle dans une logique d’économie circulaire… Il s’agit là d’une approche globale de la réduction et de l’absorption des gaz à effet de serre.

L’exposition « Climat Océan » pour
sensibiliser les citoyens © Julien Chauvet

Des outils coopératifs et innovants pour un projet « modèle »

Les différents axes de ce vaste programme vont s’appuyer sur des nouveaux outils qui serviront les actions et permettront d’en mesurer et d’en évaluer l’impact sur notre bilan carbone. Une plate-forme de données territoriales regroupera des informations provenant d’acteurs publics et privés. Celles-ci nourriront l’intelligence collective afin de massifier les usages, d’adapter la demande aux ressources disponibles à tout instant, d’identifier les économies circulaires possibles…

S’appuyant sur la plate-forme de données, un agrégateur carbone agrégera et valorisera les gains de CO2 de toutes les initiatives, petites et grandes, avec des méthodes certifiées de valorisation. À partir de la comptabilisation du poids de chacune des actions dans le bilan carbone du territoire, et sur la base d’un système de compensation, l’outil servira à revendre sur le marché volontaire les crédits qui auront été comptabilisés, générant des bénéfices qui pourront ensuite être réinvestis pour financer de nouveaux projets de réduction carbone.

Autre pièce maîtresse de la stratégie « La Rochelle Territoire Zéro Carbone », une boucle énergétique est en cours de développement sur le quartier Atlantech pour permettre une autoconsommation de l’énergie renouvelable produite sur le site. Un premier démonstrateur d’autoconsommation photovoltaïque collective a été mis en place en 2019. Il doit permettre d’affirmer la viabilité et le caractère reproductible du projet de boucle énergétique à une échelle plus grande que celle du quartier.

Au-delà de ce seul exemple, notre projet a vocation à concevoir et à expérimenter des solutions pertinentes qui pourront être dupliquées par d’autres territoires littoraux. Rappelons que plus de 60 % de la population mondiale vit dans la grande zone côtière et est, à ce titre, directement concernée par l’élévation du niveau de la mer.

Faire des citoyens des acteurs du changement

« La Rochelle Territoire Zéro Carbone » n’est pas un programme clé en main mais un projet à co-construire à partir d’une nouvelle méthode de gouvernance. Il repose sur un pilier transversal essentiel : l’implication des citoyens.

Afin de mobiliser les consciences, la ville organise jusqu’en 2021 une grande exposition « Climat Océan » au sein de son Musée maritime. À travers une muséographie immersive et interactive, cette exposition a pour ambition d’encourager les Rochelais à devenir les fers de lance de la lutte contre le réchauffement de l’océan, élément majeur de la « machine climatique » et de la vie sur terre.

Lire aussi : Energy Observer : cap sur la transition énergétique

On le sait peu mais l’océan joue un rôle déterminant dans la régulation de la température. Comme la forêt, il absorbe le CO2 de l’atmosphère. Il emmagasine aussi une très grande majorité de la chaleur issue des gaz à effet de serre produits par l’homme. Mais sa capacité à réguler le climat s’altère.

Pour La Rochelle, qui s’est construite et développée le regard tourné vers la mer, l’océan est depuis longtemps une richesse inestimable. Il est le marqueur de notre territoire dans sa typologie, son économie, son histoire, son identité. L’enjeu pour nous est aujourd’hui de faire évoluer durablement notre fonctionnement, en faisant de notre interdépendance avec l’océan une force.

Jean-François Fountaine

Jean-François Fountaine
maire de La Rochelle, président de la Communauté d’agglomération

PARTAGER CET ARTICLE