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L’éclairage, une technique emblématique de la transition énergétique, mais pas seulement

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Le bon éclairage, au bon endroit et au bon moment, c’est le moyen de faire des économies dans le budget des villes et des collectivités. Mais aussi une façon de revitaliser des quartiers, d’apporter plus de sécurité, plus de chaleur humaine et de mettre en valeur le patrimoine. Coup de projecteur sur l’éclairage, une des techniques les plus emblématiques de la transition énergétique.

Lorsque l’on parle de transition énergétique, différents leviers nous viennent naturellement à l’esprit : évolution du mix énergétique, développement des énergies renouvelables, rénovation et isolation des bâtiments…

Infrastructure collective ou « droit à la prise » individuel ?

Si la décarbonation de l’économie ne fait aucun doute pour lutter contre le changement climatique, l’éclairage n’apparaît que trop peu dans les solutions préconisées alors qu’il représente à lui seul 12 % de la consommation d’électricité de la France, soit 56 TWh et 5,6 millions de tonnes d’émissions de CO2 par an (source AFE, chiffres 2017).

La simple rénovation d’un éclairage en LED peut permettre d’économiser 50 à 70 % de l’énergie consommée. La métropole de Dijon via son projet de métropole connectée OnDijon prévoit, au terme des 12 ans du contrat, une économie de 65 % de sa consommation. Copenhague a d’ores et déjà réduit de 55 % sa facture (77 % sur les points lumineux rénovés) et réduit ainsi ses émissions de 3,2 tonnes de CO2 par an par rapport à l’année 2010.

Ces économies peuvent atteindre près de 90 % si l’éclairage est doté de systèmes de télégestion et de détection de présence. Même les projets d’illuminations, auparavant très énergivores, bénéficient désormais des dernières technologies très économes et aux potentialités artistiques quasi illimitées. La mise en lumière du château de Chambord dans le cadre des festivités des 500 ans de l’édifice et réalisée grâce au mécénat d’EDF, est une des plus belles illustrations des possibilités offertes par un éclairage économe conciliant respect de l’environnement et du patrimoine. En effet, la luminosité et la tonalité des façades ont été programmées pour varier en fonction d’un rythme circadien, respectant les cycles de veille et sommeil journaliers.

Acteur sans conteste de la transition énergétique, l’éclairage joue également un rôle déterminant dans la préservation de la biodiversité. En Belgique, le plan Lumières 4.0 de rénovation et de connexion des autoroutes wallonnes a ainsi été conçu dans cet esprit. En plus de garantir 76 % d’économies d’énergie, il veille au respect des cycles nocturnes de la faune en imitant les variations de l’éclairage naturel mais également de la flore en préservant le cycle de production de chlorophylle des plantes et des arbres par un éclairage dirigé au maximum sur la zone routière.

Eclairer… mais pas seulement !

Le bon éclairage, au bon endroit et au bon moment, une phrase que personne n’oserait contredire. Pourtant, dans les faits, les réalisations concrètes sont encore trop peu nombreuses. Et si rénover permet de faire des économies, c’est aussi le moyen d’éviter cette pollution lumineuse qui donne dangereusement envie de tout éteindre la nuit alors qu’éclairer, c’est aussi sécuriser l’espace public.

Une sécurité encore difficile à quantifier mais bien réelle lorsqu’on pose la question aux citoyens en termes de ressenti. Éclairer, c’est protéger les femmes qui rentrent seules la nuit, c’est redonner vie à des quartiers laissés de côté, c’est empêcher certains délits avant qu’ils ne surviennent.

L’éclairage crée un trait d’union entre les quartiers plus et moins favorisés, adoucit les frontières des périphéries urbaines déshumanisées ou délaissées économiquement. Redéfinir la lumière de certains quartiers, de certaines rues, d’un seul boulevard structurant, peut aussi se révéler être un outil de redynamisation économique. La ville change alors d’aspect et donne à nouveau envie de réoccuper l’espace public. À Alcala de Henares, en banlieue de Madrid, à Sète ou à Menton, quelques touches d’éclairage artistique ont offert la nuit venant, une nouvelle physionomie aux rues, aux quais, à la promenade de bord de plage, dont les habitants et les visiteurs profitaient peu.

Aujourd’hui, ré-éclairer c’est redonner une nouvelle vie aux lieux sans augmenter la facture énergétique. Rénover, c’est économiser et donc permettre avec la même enveloppe budgétaire d’une municipalité ou à plus grande échelle d’une métropole, d’augmenter le niveau et le nombre de services aux personnes.

Mise en lumière des quais à Sète.
©EDF – Guillaume Murat

Un vivier de solutions à notre portée

Nos illustres candélabres sont implantés dans nos rues, sur nos routes depuis des décennies, voire parfois depuis la fin du XVIIIe siècle, soit bien avant l’apparition de l’électricité. Aujourd’hui, les infrastructures sont là, alors pourquoi ne pas les utiliser au maximum puisqu’elles jalonnent nos espaces de vie ?

Sous tension ou pas, les mâts d’éclairage de nos villes restent les supports idéaux pour protéger, recharger, mesurer, embellir, informer, échanger des données, rester connectés… Des besoins et usages que la ville doit pouvoir fournir à ses citoyens en temps normal et qui deviennent indispensables en cette période inédite de confinement que nous avons tous vécus.

Augmentée de nouveaux services, la lumière devient alors création de valeur. À Calais, les premiers candélabres dotés de prises électriques permettent aux habitants de recharger leurs véhicules électriques au cours de leurs périodes de stationnement en centre-ville. À Toulouse, des luminaires ultra-sensibles détectent le taux d’occupation des places de parking en voirie. En Wallonie, les passages piétons s’éclairent à l’arrivée d’une personne pour capter l’attention et prévenir les automobilistes. Aux États-Unis, le quartier The Wharf au sud-ouest de Washington au bord du fleuve Potomac a été remis au goût du jour et revalorisé, grâce à un programme de mise en lumière et d’illumination artistique basse consommation de l’ensemble de la zone et du Francis Case Memorial Bridge en particulier. Un projet alliant esthétisme, innovation et développement durable.

Lire aussi : Plan de soutien à la filière automobile : Equilibre des Energies appelle à amplifier le soutien au véhicule électrique et à ses infrastructures de recharge

Maîtriser l’éclairage, c’est donc bien disposer d’un des meilleurs outils pour concilier le bien-être des citoyens, la nécessité d’un service public de qualité et la prise en compte des préoccupations environnementales urgentes. Chaque ville a en main un des vecteurs les plus efficaces pour freiner le changement climatique, avoir une incidence positive sur les émissions de CO2 et sur la préservation de l’environnement. Un impact qui se révèle aujourd’hui d’autant plus fort en France que notre électricité est déjà décarbonée à près de 90 %.

La solution la plus simple est parfois sous nos yeux. La nôtre est partout dans nos villes, devant nos portes, déjà opérationnelle, facile à enrichir et sans compromis avec nos engagements pour le climat. Elle s’appelle « éclairage ».

Jean-Daniel Le Gall
Jean-Daniel Le Gall
directeur général de Citelum (Groupe EDF)
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