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L’électrification, pierre angulaire de la décarbonation et du renouveau industriel européen

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L’électricité présente plusieurs avantages clés lui permettant d’apporter une contribution majeure à la décarbonation et à l’effort de sortie des énergies fossiles :

  • elle peut être produite, en grande quantité, à partir de sources bas carbone (nucléaires ou renouvelables) ;
  • elle est d’application quasiment universelle – équipements de chauffage, pompes à chaleur résidentielles ou industrielles, véhicules électriques, etc.
  • elle permet une réduction de la pollution, telles que les émissions de particules fines et conduit, généralement, à une amélioration de l’efficacité énergétique ;
  • elle est à la base du développement de nouvelles filières industrielles et de nouvelles activités économiques (industries du numérique, intelligence artificielle, hydrogène, nouveaux carburants de synthèse, etc.).

Dans son rapport Net Zero by 2050, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que la production d’électricité devrait être totalement décarbonée dans le monde à horizon 2050 et que sa part dans la satisfaction des besoins en énergie devrait passer de 20 % en 2020 à 53 % en 2050.
Au niveau européen, la Commission affirme dans sa communication du 6 février 2024 sur l’objectif climatique de l’Europe pour 2040, que « la part de l’électricité dans la consommation d’énergie finale doublera, passant de 25 % aujourd’hui à environ 50 % en 2040 ». En France, la Programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit l’établissement d’un tableau de bord de l’électrification conduisant à un taux d’électrification supérieur à 50 % en 2050.
Malgré cette reconnaissance du rôle de l’électricité dans la transition énergétique, force est de constater que la « deuxième révolution électrique » n’a pas commencé.
En Europe, les énergies fossiles continuent à représenter une part fortement majoritaire de la couverture des besoins en énergie finale : l’énergie consommée par les Européens était, en 2021, à 65,1 % d’origine fossile. Quant à l’électricité, sa part dans la consommation finale stagne aux environs de 23 %.
Face à ce constat, les premières communications européennes du nouveau mandat ont fait de l’électrification une priorité stratégique et annoncé plusieurs initiatives devant permettre son accélération :

La Boussole de compétitivité

La communication sur la Boussole de compétitivité parue en janvier 2025 identifie les axes d’action pour permettre à l’UE de gagner en autonomie stratégique et en compétitivité dans la lignée des recommandations du rapport Mario Draghi.
Parmi ces axes d’action, l’électrification est reconnue comme un levier clé de la réduction de la dépendance de l’UE aux énergies fossiles, et notamment au gaz russe. Afin de l’accélérer, la Boussole confirme la publication d’un Electrification Action Plan et d’un European Grids Package début 2026.

Le Clean Industrial Deal

Parue le 26 février 2025, la communication Clean Industrial Deal avait été annoncée comme la pierre angulaire du nouveau mandat devant définir la vision stratégique de la Commission pour la continuation du projet du Pacte vert pour l’Europe et le renforcement de la compétitivité européenne. Le rôle de l’électrification pour la décarbonation, pour le renouveau industriel européen et pour son autonomie stratégique y est rappelé et un objectif KPI (key performance indicator) de 32 % d’électrification en 2030 est proposé.
La communication annonce également la mise en place d’une Industrial Decarbonisation Bank dotée de 100 milliards d’euros pour soutenir la décarbonation de l’industrie européenne, notamment par l’accélération de l’électrification.

Le Affordable Energy Action Plan

Paru en même temps que la communication Clean Industrial Deal, le Affordable Energy Action Plan part du constat que le prix de l’énergie, en particulier celui de l’électricité, est un obstacle majeur à la décarbonation et au redéploiement industriel en Europe.
Afin de réduire le prix de l’électricité, et donc faciliter son déploiement, la Commission européenne propose des initiatives visant notamment à :

  • réduire les charges de réseaux ;
  • diminuer les taxes et les prélèvements ;
  • accroître la concurrence dans le commerce de détail ;
  • découpler les prix de l’électricité des prix du gaz par des contrats à long terme ;
  • réduire le délai des procédures pour le déploiement de projets d’énergies propres ;
  • accélérer l’expansion, la modernisation et la numérisation des réseaux ;
  • augmenter la flexibilité du système énergétique en déployant le stockage et la demand-response.

Équilibre des Énergies accueille positivement ces nouvelles orientations de la Commission européenne. Les annonces concernant la publication d’un Electrification Action Plan, d’un European Grids Package et la mise en place d’une Industrial Decarbonisation Bank marquent également la volonté de la Commission de développer la place de l’électricité dans le bilan énergétique européen.
Dans son papier de position pour un Electrification Act européen, Équilibre des Énergies fait un ensemble de propositions allant en ce sens en mettant l’accent sur la nécessité d’accélérer l’électrification des usages.
Il s’agit à présent de passer à l’action et Équilibre des Énergies appelle la Commission européenne à prendre le plus tôt possible dans son Electrification Action Plan des initiatives visant notamment à :

  • définir une trajectoire d’électrification des usages à l’échelle de l’Union jusqu’à l’horizon 2050 ;
  • demander aux États membres de décliner dans leurs Plans nationaux énergie-climat (PNEC) cette trajectoire d’électrification en prenant les mesures appropriées pour la respecter ;
  • placer sur un pied d’égalité, tout particulièrement dans les nouveaux usages tels que la production d’hydrogène ou de carburants de synthèse, l’électricité renouvelable et l’électricité bas carbone d’origine nucléaire. Les dernières communications de la Commission se réfèrent au principe de neutralité technologique en utilisant à présent la terminologie « énergie propre ». Ce concept doit être précisé car certaines initiatives annoncées semblent encore fondées sur un traitement différencié selon l’origine de l’électricité ;
  • soutenir les usages de l’électricité, non seulement au travers de la Industrial Decarbonisation Bank, mais également dans les secteurs des transports et du bâtiment en orientant notamment les ressources dégagées de la mise en place de l’ETS2 vers le soutien au développement de la mobilité électrique (voitures électriques, poids lourds y compris route électrique) et à celui des pompes à chaleur. Des communications récentes annoncent quelques initiatives visant à soutenir notamment la promotion du leasing social et le verdissement des flottes professionnelles. Ces initiatives vont dans le bon sens mais elles doivent prendre une plus grande ampleur ;
  • remédier aux obstacles réglementaires à l’électrification qui subsistent dans le cadre existant. La prise en compte de la consommation en énergie primaire comme critère de performance énergétique des bâtiments, l’interdiction des HFC dans les pompes à chaleur couplée à l’accroissement annoncé des standards de performance énergétique, et les conditions défavorables à l’utilisation de l’électricité bas carbone pour la fabrication des carburants de synthèse d’origine non biologique sont des exemples parlants d’obstacles à lever au cours du présent mandat.
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