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Le renouveau des travaux publics pour accompagner la transition environnementale

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Au moment où le plan France Relance dessine les grands axes pour relever le défi de la croissance verte, il apparaît comme une étape indispensable d’adapter la conception, la construction et l’utilisation des infrastructures routières et énergétiques. Xavier Neuschwander, président de la commission technique et innovation de la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) était notre invité le mercredi 31 mars pour nous présenter la feuille de route et les solutions par lesquelles le secteur peut réduire son empreinte carbone et accompagner la gestion plus durable de l’environnement.

54% des émissions de CO² Françaises liées à l’usage et la construction des infrastructures

L’usage des infrastructure et leur construction pèsent 54% des émissions de CO² en France, ce qui est considérable et doit être pris en compte si l’on veut réussir la transition énergétique. Malheureusement les travaux publics sont soit oubliés des discussions soit accusés de ne pas en faire assez. L’objectif de la FNTP est donc de porter dans le débat public la nécessité d’investissements massifs dans les infrastructures ainsi que d’aider ses 8000 entreprises adhérentes à réduire leurs émissions de CO2.

Le BTP s’occupe de nombreux domaines, des infrastructures de transports (métro, routes, ponts, voies ferrées) aux réseaux (électricité, gaz, eau, fibre optique) et est donc fondamental dans l’organisation de nos vies. Avec 300 000 collaborateurs, 40 milliards de chiffre d’affaire en France et presque autant à l’international c’est aussi un très gros employeur et exportateur. Un des enjeux principaux est donc de pouvoir mesurer efficacement les émissions pour ajuster la trajectoire de décarbonation du secteur aux objectifs environnementaux.

Dans cette perspective, la FNTP a fait appel à Carbone 4 afin de dresser le bilan énergétique du secteur, ce qui a amené au chiffre de 54% dont 50% pour le seul usage des infrastructures (transport logistique à 23% et énergies/fluides à 27%). Ces mesures vont donc aider à prendre les décisions ambitieuses nécessaires pour respecter les engagements de la Stratégie Nationale Bas Carbone.

Les leviers pour engager les Travaux Publics sur la bonne trajectoire

Même si elle ne représente « que » 4% des émissions, la construction des infrastructures doit faire sa transition énergétique car les Travaux Publics doivent aussi contribuer à l’effort national. Il y va également de l’attractivité du secteur auprès des collaborateurs actuels et futurs et de sa crédibilité sur l’expertise qu’il peut apporter au débat pour agir sur les 50% restants.

Les 4% d’émissions de la construction peuvent être décomposés par secteur :
– Les scope 1 et 2 (énergies, matériel, utilisation des sols) en représentent 28%
– Le scope 3, les matières premières (ciment, acier, bitume, etc) en représente 72%

180 experts se sont attelés à trouver des solutions pour diminuer ces émissions. 8 ont été sélectionnées comme les plus importantes :

  • Le retraitement en place des chaussées
  • La substitution des énergies (gazoil par carburant plus propre)
  • Liants hydrauliques et bétons bas carbone
  • Sobriété dans la dimension des engins de chantier
  • Sobriété dans leur utilisation
  • Acier bas carbone
  • Enrobés froids et basse température
  • Recyclage en usine des enrobés

Le numérique va aussi jouer un rôle prépondérant afin d’améliorer l’efficacité de la conception et de la construction grâce à l’intelligence artificielle, de permettre une meilleure communication entre les différents acteurs et d’optimiser la maintenance et la sécurité des ouvrages.

Comment agir sur les usages des infrastructures ?

Pour s’attaquer à ces 50%, il faut établir une priorité d’action et avoir une vision stratégique à long terme ce qui n’est pas totalement le cas dans le débat public actuel. La FNTP propose 2 grands axes :

  • L’entretien des infrastructures (une voiture peut consommer jusqu’à 10% de plus sur une route en mauvais état)
  • Anticiper la transformation des usages

D’ici 2050, 85% du transport se fera encore par la route mais de façon différente et décarbonée. Cela implique des changements importants d’infrastructure : réseau de bornes de recharge, voies dédiées pour les transports en commun, contournement des villes pour fluidifier le trafic, etc.

Le développement d’alternatives est aussi nécessaire, sans toutefois opposer les modes de transports. Il est important par exemple de doter la France d’une politique fluviale et d’investir dans des infrastructures adaptées pour mode encore sous exploité. Concernant le ferroviaire il y a là aussi des améliorations possibles et il faut rappeler que pour un trajet Paris-Toulouse de même durée c’est 130Kg de CO2 en avion contre 4Kg en train.

Enfin, l’organisation même des villes doit être repensée pour avoir des zones à faible émissions qui ne contraignent pas la vie en ville, qui ne gêne pas le commerce mais qui permettent de réduire drastiquement la mortalité due à la pollution de l’air.

Le mot du président

Les perspectives tracées par cet atelier sont à la fois réconfortantes et encourageantes. Elles montrent une transition écologique nouvelle, passionnante, conquérante qui sort un peu de l’idée de se serrer la ceinture partout. Mais il faudra bien sûr et c’est important de le souligner, des efforts sur le long terme et donc une participation active du politique pour trouver et mettre en place des solutions efficaces.

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