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Indépendance énergétique et décarbonation : vers un nouveau modèle européen de l’énergie

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Mobilité des personnes, transport des marchandises, production industrielle et numérique… L’énergie est au cœur de notre société et de nos activités quotidiennes. Pour l’Union européenne et ses Etats membres, assurer la sécurité de l’approvisionnement et son indépendance énergétique est donc une priorité majeure et c’est cette préoccupation qui motive aujourd’hui l’Union à réduire sa dépendance vis-à-vis des fournisseurs extérieurs et à développer des moyens de subvenir à ses propres besoins en énergie.

Cette indépendance que l’Europe doit construire est également à conjuguer avec un autre impératif de la politique énergétique : la trajectoire de décarbonation dans laquelle nous sommes engagés. Le modèle énergétique traditionnel de l’Europe, fondé sur les importations de gaz fossile et de pétrole, doit être repensé afin de développer des modes de production d’énergie décarbonée sur le territoire européen.

Pour ce deuxième atelier de l’année nous recevions donc la députée Yolaine de Courson qui siège à la fois à la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire et à la commission des affaires européennes. Elle est également co-rapporteur d’un dossier qui unit ces deux thématiques afin d’apporter une contribution au Green New Deal d’une Commission Européenne qui compte bien bouleverser les choses, notamment sur le sujet de l’indépendance énergétique.

Cette double casquette ne l’empêche pas d’être aussi très attachée au rôle de la ruralité, comme le rappelle notre président Brice Lalonde. Elle a ainsi écrit un manifeste de la ruralité conquérante pour souligner l’importance du monde rural dans la transition énergétique et écologique.

Pour notre invitée, ce monde est en effet aux premières loges pour apporter un nouveau modèle basé sur le vivant et la protection du vivant. C’est dans les territoires ruraux que les nouvelles énergies voient le jour et ont un énorme potentiel. C’est là également qu’on peut trouver une sorte de génie rural fait de sobriété, de débrouillardise dont on pourrait s’inspirer et surtout remettre au gout du jour.

Lire aussi : C’est aux territoires d’inventer leur avenir écologique

Si sur le sujet de l’indépendance énergétique de l’Europe Yolaine de Courson souligne ne pas être une spécialiste elle espère justement avoir l’avis et des recommandations d’experts lors de ce débat. Elle rappelle que le but du rapport en cours d’écriture est d’apporter une contribution pour la mise en place du Green Deal de la Commission Européenne.

Aujourd’hui la plus grande dépendance énergétique de l’Europe vient du gaz et donc de la Russie mais l’arrivée de la production de gaz de schiste américain peut changer la donne et permettre une multidépendance moins dangereuse pour l’approvisionnement. La transition énergétique en cours donne toutefois une opportunité pour diminuer progressivement cette dépendance aux énergies fossiles en réduisant leur utilisation avec un équilibre énergies renouvelables / nucléaire.

La France a la chance d’avoir investit tôt et de façon importante dans l’énergie nucléaire, ce qui nous permet d’avoir une électricité grandement décarbonée et pouvoir plus facilement arriver à un mix équilibré bien que le nucléaire reste une dépendance.

Yolaine de Courson rappelle que le mythe de la fée électricité, l’idée que cette énergie est « magique », illimitée, est encore bien ancré dans l’imaginaire des Françaises et Français et il est important de changer cette image car tout cela est loin d’être magique ! C’est le produit d’un travail énorme, complexe et fait de multiples interconnexions dont il faut prendre conscience à tous les niveaux pour consommer en connaissance de cause et donc mieux.

Lire aussi : L’union européenne de l’Energie : et le consommateur dans tout ça ?

Sa rencontre avec les citoyens de la Conférence climat lui a en effet montré qu’une fois que la prise de conscience des enjeux et des problèmes liés à l’énergie est faite, il est impossible de revenir en arrière et de ne plus y penser. Ils savent désormais ce qui est en jeu et les conséquences des actes de toute la société. C’est pour cela qu’elle se dit favorable aux coopératives citoyennes de l’énergie qui permettent d’investir en commun pour accompagner le développement d’une consommation réfléchie et raisonnée.

Elle définit ainsi l’indépendance énergétique aujourd’hui comme une prise de conscience globale et générale sur ce que l’on consomme et la façon dont on consomme l’énergie. Les citoyens doivent se réapproprier ce sujet pour que la France conserve également une véritable souveraineté énergétique.

Comment garder notre indépendance énergétique dans un monde de données interconnectées ?

Il peut être intéressant de pouvoir exploiter, échanger, partager des données globales liées à l’énergie pour permettre d’améliorer les systèmes énergétiques, de mieux comprendre les enjeux et dynamiques à plus ou moins grande échelle. Il faut toutefois faire bien attention avec les données personnelles qui, elles, sont à protéger le plus possible.

L’exemple du compteur Linky est très intéressant dans cette optique d’indépendance énergétique et surtout de prise de conscience. Chacun peut voir en direct et avec précision sa consommation, la comprendre et donc l’adapter, la réguler, la diminuer. On pourrait ainsi penser à des systèmes d’accord avec la commune, le département, etc. pour ne pas (ou moins) consommer du réseau entre telle heure et telle heure parce qu’il y a un risque de blackout dans un autre pays où il fait très froid.

La maitrise de l’énergie permet de mieux communiquer, de créer plus de données pour optimiser et contrôler un réseau énergétique de plus en plus complexe et important.

Le mot du Président

Brice Lalonde remercie grandement la députée Yolaine de Courson d’avoir accepté d’être venu. Ce genre de débat est très important car le public des ateliers-débats sont en général des gens dont ces questions sont le métier, qui y sont plongés depuis toujours et extrêmement compétents sur la mise en place des politiques. Le dialogue avec le politique est donc essentiel pour que les deux mondes se comprennent mieux et s’entraident.

Les enjeux climatiques, par nature globaux plutôt que nationaux, seront au coeur des discussions européennes ces prochains mois avec la mise en oeuvre du Green Deal – le programme énergie climat de la Commission européenne. Dans ce contexte, il est essentiel que, comme Madame la députée Yolaine de Courson, nos décideurs nationaux soient forces d’analyse et de recommandations pour une stratégie européenne du climat qui s’appuie sur les ressources et les propositions de chaque Etat membre.

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