Méconnues du grand public, les pompes à chaleur air/air sont pourtant une solution clé pour accélérer la décarbonation des logements.
Performantes, abordables et immédiatement mobilisables, elles méritent d’être mieux reconnues dans les politiques de transition énergétique.
Les PAC air/air, une solution mature
Une technologie simple et efficace
La pompe à chaleur air/air capte les calories présentes dans l’air extérieur, même lors des périodes de froid, pour chauffer ou rafraîchir un bâtiment. Elle utilise un cycle thermodynamique qui lui permet de restituer en moyenne 4 à 5 kWh de chaleur pour 1 kWh d’électricité consommée (figure 1).

Ce rendement est mesuré par le SCOP (Seasonal Coefficient of Performance), qui caractérise l’efficacité moyenne sur une saison de chauffage. Par exemple, un SCOP de 5 signifie que la pompe fournit cinq fois plus d’énergie qu’elle n’en consomme.
En France, l’électricité étant majoritairement décarbonée grâce au nucléaire, la PAC air/air est une solution à la fois économique et écologique.
Différentes solutions pour répondre à tous les besoins
Les pompes à chaleur air/air offrent une large gamme de solutions adaptées à tous les types de bâtiments :
- les pompes monosplit chauffent ou rafraîchissent une seule pièce ;
- les pompes multisplit permettent de traiter plusieurs pièces et peuvent aussi produire de l’eau chaude sanitaire ;
- les systèmes VRF (Variable Refrigerant Flow ou flux de réfrigérant variable) sont conçus pour les bâtiments tertiaires de grande taille.


Dans le neuf, ces solutions équipent déjà 37 % des maisons conformes à la RE2020 et 86 % des bureaux (figures 2 et 3). En rénovation, elles permettent de réduire significativement la consommation de chauffage et d’améliorer la classe énergétique de 2 à 4 niveaux. D’après l’Observatoire DPE de l’ADEME, elles équipent 18 % des maisons de plus de 15 ans rénovées pour atteindre une performance énergétique élevée (classes A, B ou C) (figure 4).

Un marché établi avec un fort potentiel de croissance
Le marché
Avec plus de 800 000 unités extérieures réversibles de moins de 17,5 kW et 1,27 million d’unités intérieures vendues en 2024, la pompe à chaleur air/air confirme son rôle central parmi les solutions de chauffage et de rafraîchissement (figure 5). Elle permet ainsi d’équiper chaque année l’équivalent de 300 000 à 400 000 logements, contribuant activement à la transition énergétique du secteur résidentiel.

Un levier de transition énergétique pour décarboner le chauffage
La pompe à chaleur air/air présente un fort potentiel de développement, notamment dans le parc résidentiel existant. Aujourd’hui, environ 38 % des maisons individuelles et 33 % des appartements en France sont chauffés à l’électricité, souvent avec des équipements anciens. Par ailleurs, environ 12 % des résidences principales utilisent encore le fioul domestique, soit près de 3,4 millions de logements principalement situés en zones rurales ou périurbaines.
Dans ce contexte, la PAC air/air constitue une solution performante, décarbonée et facile à installer, capable de s’adapter à tous types de logements, que ce soit en remplacement total ou en complément d’un système existant, par exemple en association avec des radiateurs performants de dernière génération.
Grâce à son rendement élevé, elle permet de réduire significativement la consommation d’énergie primaire et les émissions de CO₂ liées au chauffage. Ses bonnes performances en hiver, même à basse température (avec un COP supérieur à 2 à -7 °C, sans appoint électrique), permettent également de soulager la pointe électrique hivernale.
Son déploiement à grande échelle constitue un levier important pour atteindre les objectifs de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et réduire la dépendance aux énergies fossiles.
Les PAC air/air : des solutions gagnantes sur tous les plans
Une consommation minimale pour le chauffage
Pour une maison existante chauffée par effet joule, installer une PAC air/air et un ballon thermodynamique peut permettre de diviser par 3 la consommation de la maison selon la méthode 3CL et de faire passer ainsi une étiquette DPE de E à B (figure 6).
Pour une maison chauffée au fioul, installer une PAC air/air et un ballon thermodynamique peut permettre de diviser par plus de 2 la consommation de la maison et de faire passer une étiquette DPE de F à C (figure 7).
Une solution de décarbonation efficace
Les PAC air/air au R32 associées à un chauffe-eau thermodynamique permettent de fournir chauffage, rafraîchissement et eau chaude sanitaire en émettant près de sept fois moins de CO2 sur leur cycle de vie qu’une chaudière gaz à condensation. Les faibles émissions de fluide frigorigène, comptabilisées dans la partie entretien/maintenance à hauteur de 2 % par an, sont largement compensées par l’efficacité énergétique (figure 8).

Le confort d’été en prime, notamment pour protéger les plus fragiles
Face à l’intensification des vagues de chaleur, les pompes à chaleur air/air jouent un rôle essentiel pour protéger les populations vulnérables (personnes âgées, enfants en bas âge, malades), en apportant un rafraîchissement ponctuel et ciblé. Si leur usage principal reste le chauffage – représentant 80 % du temps de fonctionnement selon les données du parc de PAC Atlantic connectées (figure 9) –, leur fonction réversible permet d’améliorer significativement le confort estival dans les logements pour une consommation minimale grâce à des coefficients de performance supérieurs à 6. Contrairement aux idées reçues, les PAC air/air contribuent très faiblement au phénomène des îlots de chaleur urbains : selon une étude menée par Météo-France et le CNRS, même un doublement du parc de climatisations sèches n’entraînerait qu’une hausse très localisée des températures de l’ordre de 0,25 à 1,75 °C, à comparer aux 8 à 10 °C générés par les caractéristiques du bâti urbain. Cette contribution marginale peut être encore minimisée par un usage raisonné (consigne à 26 °C minimum) et optimisée par l’autoconsommation photovoltaïque, qui permet d’alimenter les PAC en énergie renouvelable pendant les pics de chaleur diurne. En cela, les PAC air/air s’inscrivent dans une stratégie d’adaptation durable, conciliant efficacité énergétique et résilience face au changement climatique, sans aggraver significativement les déséquilibres thermiques urbains.
Pendant les périodes de canicule, une installation de PAC air/ air bien conçue est beaucoup plus efficace que les climatiseurs mobiles achetés à la hâte dans les grands magasins et auxquels beaucoup de consommateurs ont recours.
L’Ademe estime qu’un climatiseur mobile consomme 2,5 fois plus d’électricité qu’une PAC réversible.

Les PAC air/air méritent d’être mieux soutenues
Les pompes à chaleur air/air représentent une solution mature, performante, économique et écologique pour répondre aux enjeux actuels du logement. Elles permettent de réduire les émissions de CO₂et d’améliorer la performance énergétique du parc résidentiel. Elles offrent une protection efficace des populations les plus fragiles face aux vagues de chaleur estivales.
À ce titre, il est indispensable de soutenir leur déploiement à grande échelle, notamment en leur accordant l’accès au taux de TVA réduit à 5,5 % en rénovation, au même titre que les autres technologies efficaces engagées dans la transition bas carbone. Les PAC air/air conformes à la fiche CEE BAR-TH-129 remplissent pleinement les critères de performance requis pour contribuer aux objectifs de neutralité carbone.
Par ailleurs, il est essentiel de veiller à ce que les évolutions réglementaires, notamment celles relatives aux fluides frigorigènes (règlement FGAS), ne freinent pas cette dynamique. L’interdiction prévue du R32 en 2029 pour les PAC < 12 kW risque de conduire à l’adoption de solutions de substitution moins performantes sur l’ensemble de leur cycle de vie, compromettant ainsi les efforts engagés pour une rénovation énergétique rapide, accessible et efficace.
