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Un hydrogène décarboné avec le nucléaire comme levier

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L’UE s’est dotée de fortes ambitions lors du précédent mandat pour produire de l’hydrogène et réussir la feuille de route du Pacte vert pour l’Europe. Il reste maintenant à tirer parti de l’opportunité qu’offre l’électricité d’origine nucléaire.

L’union européenne consomme environ 7 millions de tonnes d’hydrogène fossile par an.
Décarboner ces volumes et en produire davantage est nécessaire pour remplacer les combustibles fossiles dans certains secteurs difficiles à électrifier comme l’industrie ou les transports maritime et aérien.
Pour ce faire, l’UE a fait le pari de l’hydrogène électrolytique renouvelable, c’est-à-dire produit à partir d’électricité d’origine renouvelable. Ce choix a été décliné dans le Pacte vert pour l’Europe (Green Deal). Des actes délégués sont venus préciser les seuils et les méthodologies de calcul de réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que les approvisionnements électriques reconnus pour produire cet hydrogène. Il en existe trois principaux, selon que l’électrolyseur est :

  • connecté au réseau électrique si le mix national est composé à plus de 90 % d’énergies renouvelables ;
  • connecté directement à une installation renouvelable ;
  • détenteur d’un nombre suffisant de  contrat  d’achat  d’électricité renouvelable (PPA) pour son approvisionnement, selon des critères stricts attestant d’une corrélation entre production et consommation d’électricité renouvelable.

Cependant, les coûts de production de l’hydrogène renouvelable restent élevés par rapport à ceux de l’hydrogène fossile, pénalisant l’essor de la filière qui doit permettre une réduction drastique des émissions de CO2.
En 2025, la Commission s’apprête à publier l’acte délégué qui fixera les méthodologies de qualification de l’hydrogène bas carbone, c’est-à-dire produit par électrolyse de l’eau grâce à de l’électricité issue de réseaux décarbonés, tel que le réseau électrique français, ainsi que par du gaz associé à un dispositif de captage de CO2. L’enjeu d’une reconnaissance de l’électricité d’origine nucléaire pour la production d’hydrogène est majeur pour la compétitivité de la filière sans rien renier de l’ambition de décarbonation.
EDF, comme d’autres acteurs, milite pour que soit reconnu, aux côtés de l’hydrogène renouvelable, l’hydrogène bas carbone fabriqué à partir de :

  • l’électricité directement issue du réseau, sous réserve de respecter le seuil de réduction de -70 % des émissions de gaz à effet de serre, comme pour l’hydrogène renouvelable ;
  • l’électricité produite par une centrale nucléaire, soit par une liaison directe, soit par PPA avec un facteur d’émission reconnaissant le caractère bas carbone de l’électricité nucléaire.

Ces deux méthodes permettraient un approvisionnement en base adapté aux électrolyseurs, afin d’alimenter les processus industriels, parfois peu flexibles, à un coût optimisé.

Malheureusement, dans le cadre de la consultation publique organisée en octobre 2024 relative au projet d’acte délégué, si la Commission reconnaît la possibilité de recourir à l’électricité directement soutirée sur le réseau, elle renvoie à 2028 la définition d’une méthodologie pour les PPA nucléaires, donc à la fin de son mandat. Ce choix est regrettable. L’électricité nucléaire est disponible, elle dispose d’une faible intensité carbone et peut ainsi faciliter l’émergence de nombreux projets. Dans l’attente d’une publication, la filière, soutenue par Équilibre des Énergies, espère une inflexion de la Commission permettant d’introduire sans délai une méthode « PPA nucléaire ».
L’objectif n’est pas de remplacer les approvisionnements « renouvelables » par des approvisionnements « nucléaires » ou « réseau » mais simplement de les mutualiser pour atteindre un optimum en termes de disponibilité, de coût et de décarbonation pour produire de l’hydrogène bas carbone ainsi que ses dérivés, comme l’acier ou les e-carburants, indispensables à la décarbonation mais gourmands en énergie.

Camille Alleguede
Camille Alleguede
conseillère politique, EDF
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