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La gestion active de l’énergie : des économies, une réduction des émissions de CO2 et une source de confort dans les logements

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C’est l’une des surprises de la période de confinement qu’a subie la France à la suite de l’épidémie du COVID-19. Les ménages français n’ont pas consommé plus de gaz ou d’électricité qu’en temps normal pour se chauffer, alors qu’une grande majorité d’entre eux étaient cloîtrés à domicile. La réponse du côté de la gestion active de l’énergie qui reste insuffisamment développée.

La ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne en a tiré une conclusion devant la Commission des affaires économiques du Sénat (1) : « On constate que la consommation de gaz n’a quasiment pas augmenté et que la consommation électrique n’a augmenté que de quelques pourcents. Cela signifie qu’en temps normal, le chauffage fonctionne y compris lorsque les habitants ne sont pas à leur domicile. Preuve qu’il existe des leviers de réduction de ces consommations. »

Ainsi, les factures pourraient être allégées si les logements étaient mieux isolés ou si les outils de gestion active de l’énergie (thermostats, régulation de la température à distance) étaient plus utilisés.

Le programme HOMES (2) a montré qu’il existe une véritable complémentarité entre les trois familles de solutions d’efficacité énergétique que sont :

  • la qualité du bâti (efficacité énergétique passive) ;
  • le pilotage des équipements (efficacité énergétique active) ;
  • la performance des équipements.

Il n’y a pas d’ordre pour mener les actions liées à l’une ou l’autre des familles. Les actions sont indépendantes et complémentaires.

L’efficacité énergétique active concerne tous les logements

D’un point de vue économique, HOMES a mis en évidence que les solutions d’efficacité énergétique active permettent d’économiser entre 15 et 60 % de la facture globale d’un site et ont un retour sur investissement court.

On rappelle que l’efficacité énergétique active, souvent appelée « gestion active de l’énergie », désigne l’ensemble des dispositifs de mesure, de régulation et de contrôle pilotant de manière automatisée les équipements du logement, qui sont de plus en plus souvent connectés, afin de limiter et d’optimiser les consommations d’énergie et de réduire ainsi l’empreinte carbone tout en garantissant le bien-être et le confort des occupants (figure 1).

Figure 1 : Les champs d’application de l’efficacité énergétique active dans un logement.

En France, le parc (3) des 29,5 millions de résidences principales présente une consommation moyenne de 240 kWh d’énergie primaire par m2 et par an (figure 2).

23,3 millions de résidences principales ont une qualité énergétique médiocre (étiquettes D et E), voire sont des passoires énergétiques (étiquettes F et G) et représentent 90 % de la consommation énergétique. En appliquant les résultats de HOMES au parc de logements français, les actions de performance énergétique peuvent être classées en fonction de leur impact sur les économies d’énergie et le confort :

Les interventions sur l’enveloppe sont indispensables aux logements des classes F et G et importantes pour les classes D et E. Les solutions d’efficacité énergétique active agissent quant à elles sur toutes les classes de logements, elles permettent des économies de chauffage, de climatisation et réduisent également l’ensemble des autres postes de consommation.

Dans un logement de classe A ou B, seules des solutions actives (mesure, régulation par pièce, information) permettent d’améliorer et de maintenir la performance énergétique car les temps de retour sur investissement des actions sur l’enveloppe, hors entretien, présentent un temps de retour sur investissement (ROI) bien trop long par rapport au gain énergétique potentiel. A l’autre bout de l’échelle, pour les classes F et G, une intervention sur l’enveloppe, bien que coûteuse, conduit à réaliser des économies importantes avec un retour sur investissement acceptable. Ces interventions sur l’enveloppe doivent être complétées par des solutions d’efficacité énergétique active qui garantissent la performance et améliorera le ROI global.

L’association d’une solution d’efficacité énergétique active aux opérations sur l’enveloppe améliore la performance globale et le ROI de l’opération pour plus de 80 % des logements existants.

Lire aussi : Rénovation énergétique des bâtiments : comment décarboner le parc existant ?

Pour les ménages, la décision de réaliser des travaux ne dépend pas uniquement de la performance énergétique et rarement de la rentabilité financière ou de son impact environnemental. D’autres critères tels que la préservation du patrimoine, le confort ou l’intérêt porté aux travaux d’amélioration du logement entrent en ligne de compte. L’influence exercée par les campagnes de promotion des solutions d’amélioration de l’enveloppe depuis le premier choc pétrolier il y a plus 40 ans est ainsi importante.

Mais les solutions d’efficacité énergétique passive qui concernent l’enveloppe des logements ne peuvent être décidées que par les propriétaires. Or 43 % des logements sont occupés par des locataires. Les solutions d’efficacité énergétique active leurs sont accessibles sans avoir à recueillir l’accord du propriétaire, elles sont efficaces pour toutes les classes énergétiques de logements et elles renforcent l’efficacité énergétique et économique de toutes les autres mesures.

Figure 2 : Répartition des logements en France selon leur étiquette DPE
(diagnostic de performance énergétique).

Un enjeu économique, sociétal et environnemental

De nombreux Français ont eu des difficultés à faire face à leurs dépenses de gaz et électricité au cours des trois dernières années. Une tendance plus marquée chez les locataires et les personnes aux revenus modestes. Plus de 94 % des personnes interrogées déclarent d’ailleurs faire attention à leur consommation d’énergie pour des raisons avant tout financières, alors que la motivation environnementale n’entre en ligne de compte que pour 50 %. Mais moins d’un Français sur deux (43 % des personnes interrogées) a déjà réalisé des travaux pour faire des économies d’énergie et ce sont principalement les plus aisés ou ceux vivant dans des logements réputés énergivores qui se sont lancés dans de tels travaux.

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre conformément à la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), il faut agir sur les émissions directes de dioxyde de carbone (CO2) des ménages. La mise en oeuvre massive des solutions d’efficacité énergétique active permettrait de réaliser un pas important dans cette direction car le logement est la source principale des émissions de gaz à effet de serre, allant de 600 kg de CO2/an pour un appartement chauffé à l’électricité à 7 600 kg de CO2/an pour une maison chauffée au fioul.

Les solutions d’efficacité énergétique active appliquées au logement ont un grand intérêt, les résultats des systèmes déployés le confirment. Mais les pouvoirs publics aussi bien que les consommateurs n’en ont pas encore pris suffisamment la mesure. Il convient d’en assurer :

  • la promotion par l’État, au même niveau que celle relative aux actions sur le bâti ou les équipements de chauffage, via les CEE, le CITE et le taux de TVA réduit ;
  • la prise en compte de l’efficacité des dispositifs de gestion active dans les réglementations et notamment dans le diagnostic de performance énergétique (DPE) et dans le modèle réglementaire de la future Réglementation énergétique et environnementale des bâtiments, la RE2020.

Lire aussi : Quelques éléments sur la problématique énergétique des logements

(1) Audition du 7 avril 2020 – http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20200406/ecos.html#toc4
(2) HOMES, dossier de presse 13 février 2013.
(3) « La performance énergétique des logements français », Etude EX’IM.

Christian Ferveur
Christian Ferveur
directeur innovation et développement (Schneider Electric France)
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