En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation de cookies pour mesurer l'audience de notre site.
FERMER

Refroidissement des logements : ne refaisons pas l’erreur des chauffages d’appoint

Par le |

Jean-Pierre Hauet est ancien élève de l’Ecole polytechnique et ingénieur au corps des mines. Il est rédacteur en chef de la REE et président du comité scientifique de l’association Equilibre des Energies.

Consulter et télécharger l’article au format pdf

Beaucoup de gens ont souffert cet été de la canicule et ont dû quitter leur logement, le jour et même parfois la nuit, pour trouver refuge dans des endroits plus tempérés. Avec le réchauffement climatique, ces situations vont se renouveler de façon de plus en plus fréquente. Pour y remédier faut-il laisser nos concitoyens se ruer vers les climatiseurs mobiles, à l’efficacité médiocre et aux performances énergétiques incertaines ?

Il est temps de réfléchir au confort d’été des logements. Au-delà de la nécessaire conception bioclimatique des logements, la climatisation des logements est désormais, sous nos latitudes, une solution à considérer. L’air conditionné est devenu une banalité dans le cas des voitures, il est considéré comme un facteur de productivité dans le cas des locaux professionnels mais il est encore regardé, selon la doxa des économies d’énergie, comme un luxe voire un gaspillage dans le cas des logements.

Certes le code de la construction ne l’interdit pas, dès lors que la température intérieure des locaux vient à excéder 26°C, mais les règles de construction des bâtiments neufs et des bâtiments existants constituent un frein très important au développement de systèmes actifs de refroidissement intégrés aux bâtiments et il semble que quelques % seulement des logements en soient équipés en métropole. Dans les logements neufs, il faut en particulier rentrer dans l’enveloppe des 50 kWh/m2.an de consommation conventionnelle exprimée en énergie primaire, qu’il y ait ou non refroidissement.

D’un point de vue environnemental, utiliser en été quelques kWh électriques fortement décarbonés pour la climatisation des logements ne semble pas une hérésie au regard des avantages qu’elle procure. C’est d’ailleurs sans doute le prix à payer pour que les logements hyper-isolés, donc très économes en énergie en hiver, restent agréables à vivre en période de canicule.

Mais on peut aller plus loin et le refroidissement des logements est typiquement un usage où l’énergie solaire peut trouver localement une utilisation idéale. Les besoins à satisfaire et les disponibilités de la ressource sont synchrones : il fait plus chaud en été qu’en hiver et plus le soleil brille, plus les panneaux solaires sont capables de fournir de l’énergie électrique.

Il existe en fait deux catégories de systèmes : les systèmes électriques comportant des panneaux photovoltaïques alimentant une pompe à chaleur réversible, et les systèmes thermiques dans lesquels la compression mécanique du fluide frigorigène est remplacée par une compression thermique créée grâce à l’élévation de température du fluide. La chaleur correspondante provient alors de panneaux solaires thermiques. Les systèmes électriques ont vu leur prix considérablement baisser au cours des dernières années et constituent la solution la meilleure sur le plan économique mais aussi sur le plan environnemental.

La climatisation, associée à l’énergie solaire, n’entraîne pas la création de poche de chaleur puisqu’aucune énergie externe additionnelle n’est apportée. Au contraire, la chaleur extraite des logements peut être utilisée pour le chauffage de l’eau chaude sanitaire. Lorsque la solution électrique est choisie, elle permet une augmentation du taux d’autoconsommation et donc une meilleure utilisation des installations d’auto-production qui sont appelées à se développer.

La canicule, c’est aussi la nuit lorsque les températures restent très élevées et incommodent fortement nos concitoyens. Pour autant qu’il soit nécessaire, le refroidissement de nuit pourra être assuré à partir de l’énergie stockée dans des batteries, soit installées à demeure, soit équipant les véhicules électriques revenus à domicile en fin de journée, dans le cadre d’un système V2H ou Vehicle to Home.

Enfin la climatisation électrique implique l’utilisation de pompes à chaleur réversibles et donc de solutions qui sont en hiver très performantes.

Bien évidemment, l’installation d’un système de refroidissement performant est une affaire de professionnels et doit être envisagée lors de la conception ou de la rénovation lourde des logements. Ne refaisons pas ici l’erreur des chauffages électriques d’appoint…

Cela pose la question de la réglementation et nous ramène notamment au coefficient de conversion du kWh électrique en énergie primaire (le fameux 2,58) qui constitue un obstacle majeur au développement des solutions électriques. Il faut mettre le sujet sur la table, des solutions doivent être trouvées dans le cadre de la future réglementation environnementale RE2020 : il en va du bien-être et de la santé de nos compatriotes, notamment des plus âgés et des plus jeunes d’entre eux.

Consulter la revue REE 2018-4

PARTAGER CET ARTICLE