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Relance verte : l’Union européenne mise sur la rénovation des bâtiments

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La « vague de rénovations », ou Renovation Wave, est au coeur de la stratégie de relance proposée par la Commission européenne en parallèle au projet de Pacte vert pour l’Europe. EdEn a fait connaître ses propres propositions au travers d’une feuille de route transmise à la Commission.

La rénovation des bâtiments au cœur du plan de relance européen

Le secteur du bâtiment est à l’origine de 40 % de la consommation d’énergie et de 36 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne (UE). L’amélioration de l’efficacité énergétique et clima­tique des bâtiments a ainsi un rôle essentiel à jouer dans la réalisation de l’objectif de neutralité car­bone à l’horizon 2050 retenu dans le Pacte vert pour l’Europe. La rénovation des bâtiments existants pourrait réduire la consommation totale d’éner­gie de l’UE de 5 à 6 % et diminuer les émissions de dioxyde de carbone d’environ 5 %. Or, en moyenne, moins de 1 % du parc immobilier est rénové chaque année (de 0,4 % à 1,2 % selon les États membres). Il faudrait au moins doubler le taux actuel de rénova­tion pour atteindre les objectifs de l’UE en matière de climat et d’énergie.

Suite à la crise économique résultant de l’épidé­mie de coronavirus, la Commission européenne a présenté le 27 mai 2020 une proposition de grand plan de relance. Elle propose d’exploiter tout le po­tentiel du budget de l’Union pour assurer une reprise socio-économique juste, pour revitaliser le marché unique, pour garantir des conditions de concurrence équitables et pour soutenir les investissements ur­gents, en particulier dans la transition écologique et numérique.

Dans cette optique, le Pacte vert européen sera utilisé en tant que stratégie de relance de l’UE. Sa première composante en est la stratégie « vague de rénovations » dont l’objectif est d’augmenter le taux de rénovation des bâtiments existants et de réunir les différents acteurs du secteur pour développer les possibilités de financement et d’investissement. Le programme de travail de la Commission européenne fixe à septembre 2020 la publication de la stratégie relative à la vague de rénovations pour les bâtiments privés et publics.

Afin de préparer cette communication, la Commission européenne a lancé une consultation et invité les parties prenantes à réagir, notamment sur les difficultés actuelles, sur les bases d’une interven­tion possible de l’Union européenne et sur les buts que devrait atteindre cette vague de rénovations.

Lire aussi : La rénovation immobilière comme outil de relance économique post COVID-19

Les trois atouts de la stratégie de rénovation

Par rapport à d’autres initiatives, la rénovation des bâtiments présente trois avantages essentiels :

  • le développement d’une économie décarbo­née. Pour que la relance n’entraîne pas une mon­tée en flèche des émissions de gaz à effet de serre comme à la suite de la crise de 2008, il est essentiel que les plans de relance européens soient orientés vers les secteurs économiques qui, comme le sec­teur de la rénovation, contribuent à l’effort clima­tique. La vague de rénovations est à cet égard un vecteur de décarbonation à privilégier ;
  • la création d’emplois locaux. La rénovation s’ap­puie sur une grande diversité d’activités – amélio­ration de l’isolation, installation des systèmes de chauffage et de climatisation, points de recharge pour véhicules électriques, etc. – qui ne peuvent pas être délocalisées ;
  • le renforcement de l’indépendance indus­trielle européenne. Le recours excessif aux importations de matériaux et d’équipements a entraîné un affaiblissement progressif de l’indus­trie européenne. La vague de rénovations doit permettre à l’UE de faire prospérer ses industries et de relocaliser sur son territoire une partie de la production en matériels de chauffage, équipe­ments électriques et matériaux de construction.

Les trois catégories de mesures proposées par EdEn

Afin que la vague de rénovations conduise aux progrès espérés, Équilibre des Énergies a identifié trois axes de développement que doivent soutenir les projets européens découlant de cette stratégie.

Réduire le bilan carbone du parc immobilier européen

Dans le cadre législatif applicable au bâtiment, la réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est actuellement visée qu’indirectement au travers de mesures qui restent centrées sur la réduction des consommations d’énergie primaire. La stratégie « vague de rénovations » doit intégrer des disposi­tions visant directement la réduction des émissions de gaz à effet de serre du parc immobilier. À ce titre, il apparaît nécessaire qu’un critère carbone, d’ins­piration similaire à celui qui existe déjà dans le secteur automobile, soit mis en place afin de carac­tériser les émissions induites par chaque bâtiment. Toujours sur le modèle de la législation automobile, ce critère carbone servirait de base à une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les bâtiments neufs puis existants, grâce à un système de plafonds dégressifs, accompagnant la mutation du parc immobilier vers les objectifs de décarbonation fixés pour 2050.

Lire aussi : Réforme des aides à la rénovation : il faut soutenir les solutions peu émettrices de CO2

Accélérer le déploiement dans les bâtiments des solutions de chauffage bas carbone et des points de recharge pour véhicules électriques

L’UE accumule du retard dans le déploiement des solutions de chauffage décarbonées et performantes et dans l’installation de points de recharge pour véhi­cules électriques dans les bâtiments. Cette situation résulte notamment d’un cadre législatif insuffisam­ment prescriptif. Pour que la vague de rénovations donne une impulsion suffisante au nombre de ré­novations, la réglementation européenne devrait imposer des inspections périodiques des bâtiments permettant d’évaluer leur performance énergie-cli­mat. Les prescriptions en matière d’installation de points de recharge pour véhicule électriques pour­raient être renforcées.

De nouvelles solutions de financement pour les travaux de rénovation

La Commission européenne estime que 185 mil­liards d’euros d’investissements annuels supplé­mentaires sont nécessaires pour que le secteur du bâtiment atteigne ses objectifs climatiques en 2030. EdEn recommande qu’une part importante des fi­nancements de relance débloqués par l’Union euro­péenne soit orientée vers ce secteur et propose que soit créé un fonds européen pour la rénovation dédié aux projets de rénovation qui améliorent l’efficacité carbone des bâtiments. En outre, EdEn propose que soient exclus immédiatement des programmes de subvention publique tous les équipements de chauf­fage fossiles non hybrides.

Ces propositions, détaillées dans la feuille de route d’EdEn “A more efficient and cleaner European building stock for a green recovery” vont au-delà des obligations définies dans le cadre législatif actuel. Afin de les y intégrer, la stratégie « vague de rénovations » doit initier la révision de ce cadre, et en particulier celle de la directive sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD).

EdEn se mobilise pour que cette révision de la directive EPBD soit entreprise. Les échanges avec la Commission européenne ont montré que subsiste encore une réticence à introduire dans ce texte une dimension carbone en plus de la dimension énergie déjà présente. L’intégration de cette dimension est néanmoins cruciale pour la décarbonation du parc immobilier européen et EdEn entend continuer à la soutenir auprès des instances européennes au cours des prochains mois.

Florent Jourde
Florent Jourde
EDF
Cécil Coulet
Cécil Coulet
Equilibre des Energies
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