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Une priorité : la rénovation thermique des maisons chauffées au fioul

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La Stratégie nationale bas carbone (SNBC) suppose qu’en 2030, plus aucun logement ne sera chauffé au fioul. Elle est aujourd’hui en cours de révision et il est annoncé une nouvelle trajectoire de réduction des émissions encore plus ambitieuse, prenant comme objectif la neutralité carbone à l’horizon 2050. Dans ce contexte, la rénovation thermique des logements chauffés au fioul doit figurer comme objectif fondamental dans le plan de rénovation gouvernemental.

Les produits pétroliers dans le secteur résidentiel

Les produits pétroliers, fioul et GPL, arrivent en 3e position parmi les énergies utilisées dans le secteur résidentiel avec, en 2015, une consommation de 6,7 Mtep. Le bilan énergétique officiel indique que cette consommation est de 40 % supérieure à la cible 2015 de la trajectoire de la SNBC, avec un écart qui se creuse depuis 2010.

La disparition des produits pétroliers dans le secteur résidentiel contribuerait à améliorer significativement la balance commerciale de la France où ils représentent 9 % des importations de pétrole et une facture de près de 2,5 Md €.

Evolution consommations énergies secteur résidentiel selon SNBC

Le chauffage au fioul en résidentiel : 17Mt CO2 émises par an

Même si les logements chauffés au fioul ne représentent que 10 % des résidences principales, ils sont à l’origine de 27 % des émissions annuelles du secteur résidentiel pour les usages chauffage et eau chaude (figure 2).

Les maisons individuelles sont majoritaires dans le parc de logements chauffés au fioul : 2,97 millions en 2015, de source CEREN. Leurs émissions s’élèvent en moyenne à presque 4,5 t eqCO2, dont 4 t eqCO2 pour leur seule consommation de fioul, calcul basé sur le facteur d’émissions directes du fioul issu de la Base carbone de l’ADEME.

Emissions GES secteur résidentiel

Cibler les maisons chauffées au fioul, c’est se donner les moyens d’agir efficacement et de centrer les efforts sur relativement peu de logements mais sur 30 % des émissions des bâtiments résidentiels.

En savoir plus sur nos positions : EdEn présente son cahier d’acteur PPE : Transition énergétique dans le Bâtiment

Une fiscalité appliquée aux consommations de fioul dissuasive mais mal connue

Mise en place le 1er avril 2014, la contribution ClimatÉnergie (CCE) est une taxe sur les consommations d’énergies fossiles en fonction de leur contenu en CO2. Pour le fioul, elle est un élément constitutif de la taxe intérieure sur les produits énergétiques (TICPE).

La loi de finances 2018 a fixé la trajectoire de la CCE avec des valeurs de 86,2 €/t eqCO2 en 2022 contre 44,6 €/t eqCO2 en 2018. La cible de 100 €/t eqCO2 en 2030 fixée dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte pourrait ainsi être atteinte plus tôt.

L’application de cette taxe ne sera pas sans douleur sur les factures de chauffage des ménages. En effet, les maisons individuelles au fioul disposent, à plus de 70 %, d’un diagnostic de performance énergétique (DPE) d’étiquette Énergie E ou plus1. Le poids de la CCE devrait passer en moyenne de 360 € TTC/an en 2017 à 1 020 € TTC/an en 2022 : c’est donc 660 € qui s’ajouteront à la facturation du combustible fioul en 2022.

Et cela touchera prioritairement les ménages modestes car 38 % des ménages chauffés au fioul sont des ménages modestes, voire très modestes selon la définition de l’ANAH2.

Comment accélérer la disparition des chauffages au fioul ?

Parvenir à éradiquer tous les logements chauffés au fioul en 2030 implique d’atteindre un rythme de 200 000 maisons abandonnant chaque année cette énergie de chauffage, objectif très éloigné de la réalité observée, puisqu’en 2015, 63 000 maisons seulement ont changé leur énergie de chauffage.

Pourquoi ? Les ménages qui remplacent leur chaudière le font principalement en pleine saison de chauffe, lorsque leur ancien appareil n’a pas pu démarrer. Dans l’urgence, ils cherchent une solution et il suffit souvent de changer le brûleur, une opération de faible coût, à moins de 1 000 €. Si changer le brûleur ne suffit pas, les ménages ont tendance à remplacer à l’identique leur chauffage, pressés par la nécessité de résoudre leur problème, sans considérer l’opportunité d’une amélioration de la performance énergétique et environnementale de leur logement.

Saisir les occasions d’amener les ménages à accomplir les « bons » gestes de rénovation, est une clé pour les conduire à investir durablement pour leur confort, au meilleur coût et en valorisant leur patrimoine.

C’est pourquoi la démarche conseillée est de regarder en priorité, pour les maisons énergivores (DPE égal à E, F ou G), une rénovation de l’enveloppe pour ramener leur besoin en chauffage à celui des logements moyennement déperditifs. Les premiers gestes concerneront essentiellement une isolation des combles.

Ensuite, pour les maisons moyennement énergivores, le conseil est de remplacer la chaudière fioul par des équipements efficaces et performants en énergie, en énergie renouvelable et en CO2 : la chaudière bois ou les pompes à chaleur (PAC). Associer des systèmes de gestion active permettra également de réduire encore davantage les consommations.

Ainsi ( figure 3), une maison fioul énergivore peut en moyenne réduire ses émissions de CO2 d’un facteur 6, grâce à ces deux gestes.

Evolution émissions CO2

La pompe à chaleur : une solution mature et performante pour remplacer le chauffage au fioul

Remplacer une chaudière au fioul par une pompe à chaleur (PAC) permet de substituer à 4 kWh de combustible fossile 1 kWh d’électricité et 3 kWh de chaleur renouvelable gratuite prélevée sur l’environnement. La PAC permet de récupérer les calories disponibles dans l’environnement local (air, sol, nappe phréatique) pour produire, avec un coefficient de performance de 4 en moyenne sur l’année, 4 kWh de chaleur avec une consommation de 1 kWh électrique.

Bien que la PAC air/air soit aussi une solution performante, nous ne parlerons ici que de PAC air/eau, solution qui conserve le circuit d’eau chaude du logement. Il en existe plusieurs types : la PAC moyenne température (MT), la PAC air/eau haute température (HT) et la PAC hybride. La première peut s’installer en substitution si les radiateurs en place le permettent, ou couplée avec la chaudière existante, la seconde s’adapte parfaitement à une installation existante mais avec un coût plus élevé. La PAC hybride est un compromis qui permet de conserver un appoint fioul. Quelle que soit la PAC, la rénovation du bâti est à considérer car ce qui réduit les besoins en chauffage réduit la puissance installée de la nouvelle machine.

Un point essentiel dans cette substitution est le diagnostic du réseau hydraulique, fortement recommandé pour optimiser le système et son fonctionnement (désembouage, équilibrage…). En effet, dans le cas de l’installation d’une PAC MT, le changement ou l’ajout de quelques radiateurs permet de diminuer les niveaux de température de l’eau, niveau à ajuster en fonction de la PAC choisie.

Lire aussi : Le bâtiment dans la Transition Énergétique : Quelle consommation d’énergie pour le bâtiment du futur ?

La pompe à chaleur air/eau MT

Installer une PAC air/eau MT requiert une température d’eau de l’ordre de 55 °C et une puissance à installer inférieure à 10-12 kW car le prix des machines est très dépendant de la puissance. Le coefficient de performance des PAC air/eau dépend du niveau de température de l’eau, donc toute action qui peut faire baisser la loi d’eau aura un impact positif sur les performances.

Le marché propose une grande variété de machines : gamme élargie de puissances, simple ou double service, avec différents niveaux de température… avec des prix pouvant aller de 8 000 à 15 000 € TTC, installé posé.

L’installation d’une PAC seule signifie l’abandon de la cuve fioul, ce qui nécessite de prendre des dispositions pour vidanger, dégazer, nettoyer, combler ou retirer la cuve. L’entreprise spécialisée réalisant les travaux doit remettre au propriétaire un certificat d’abandon de cuve et un bordereau de suivi des déchets. Il en va de la responsabilité de l’entreprise installant la PAC de s’assurer que les travaux inhérents à l’abandon de cuve ont bien été réalisés. Cette législation peut être un frein à l’abandon total du fioul et favoriser l’installation d’un système hybride.

La PAC hybride

La pompe à chaleur hybride permet d’assurer la production de chaleur pour le chauffage et pour l’eau chaude sanitaire. Elle se compose :

d’une pompe à chaleur air extérieur/eau fonctionnant à l’électricité, qui fonctionne plus de 70 % du temps et d’une chaudière à condensation gaz ou fioul. Chaque machine est utilisée en fonction de ses performances optimales : lorsque la température extérieure baisse, la performance de la pompe à chaleur diminue et la chaudière démarre pour couvrir tout ou partie des besoins. Inversement, si la température de retour d’eau augmente, le rendement de la chaudière (à condensation) diminue et la PAC prend le relais ;
d’une régulation d’ensemble qui gère la mise en marche et l’arrêt des deux générateurs pour assurer en permanence la performance globale optimale selon le critère de régulation choisi : minimiser la consommation d’énergie primaire, le coût de l’énergie ou les émissions de CO2.

Il n’y a pas vraiment de contrainte technique à l’installation d’une PAC hybride car la chaudière prend le relai de la PAC quand on passe en dehors de sa gamme de fonctionnement optimum. En revanche, il est toujours intéressant d’isoler le logement et de baisser sa loi d’eau (jusqu’à 60-65 °C de manière optimale) car cela augmente le taux de couverture et le COP de la PAC.

Installation pompe à chaleur hybride

Les PAC hybrides se développent sur le marché résidentiel. Selon UNICLIMA, le parc installé était de 7 500 unités en 2015 avec des ventes annuelles de 2 500 unités, mais pour l’essentiel des PAC hybrides gaz installées le sont en maisons individuelles neuves. La combinaison dans un même équipement d’une PAC air/eau et d’une chaudière gaz ou fioul, associées à une régulation appropriée permet l’optimisation des temps de fonctionnement en modes PAC ou chaudière, en fonction de leurs rendements respectifs.

Ces PAC, du fait du fonctionnement de la chaudière par temps froid et très froid, rentrent dans le champ des solutions électriques qui s’effacent lors des pointes de puissance électrique, offrant ainsi un levier de flexibilité important au système électrique.

Les conditions de succès de l’abandon des chauffages au fioul sont réunis

Des outils de financement des opérations de rénovation énergétique ont été mis en place par les pouvoirs publics afin d’inciter les ménages à passer à l’acte : le crédit d’impôt développement durable, bientôt transformé en prime, la TVA à taux réduit et parmi d’autres déductions fiscales, l’opération « coup de pouce » qui offre aux ménages modestes jusqu’à 3 000 € de soutien s’ils changent leur équipement pour une chaudière bois ou une pompe à chaleur. Autant d’aides qui réduisent le reste à charge au moment de l’investissement et améliorent les temps de retour sur investissement.

Par ailleurs, la filière s’organise pour fabriquer et installer des matériels performants.

Reste alors à être présent au bon moment, avec la bonne solution pour le confort du ménage !

Lire aussi : La lutte contre la précarité énergétique doit rester une priorité des pouvoirs publics – Jean Gaubert (Médiateur national de l’énergie)

1. L’enquête « Performances de l’Habitat, Équipements, Besoins et Usages » (Phébus), réalisée par le service de Observation et des statistiques (SOeS), du ministère chargé de l’énergie, a rassemblé les diagnostics de performance énergétique de 2 355 logements.
2. La définition repose sur des seuils de revenus fiscaux de référence, fonction du nombre de personnes composant le ménage : c.-à-d. hors Île-de-France, entre 14 308 € et 18 342 € pour un ménage modeste d’une personne et en-dessous de 14 308 € pour un ménage très modeste d’une personne.

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