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#2 Le bâtiment au cœur de la transition énergétique française avec Bruno Léchevin

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Ce deuxième extrait vidéo du débat rapporte la réponse de Jean Bergougnoux aux projets de l’Ademe énoncés par Bruno Lechevin. Les énergies décarbonées comme les technologies disponibles aujourd’hui sont exposées ici. Jeudi prochain, René Ricol vient enrichir ce débat sur les moyens de financement de la transition énergétique.

La réflexion que développe l’Ademe dans une vision de long terme, mettre notamment l’innovation au service de l’efficacité énergétique et des objectifs de maitrise des émissions de GES, car c’est bien là que se trouve le problème.

Alors, il faut citer simplement trois chiffres qui sont éclairants, entre 1990 et 2010 déclare Jean Bergougnoux:

 –la consommation du pays en énergie finale a augmenté de 12 %,

– en énergie primaire, critère que l’on entend nous faire utiliser par ailleurs, elle a augmenté de 16%,

– et dans le même temps les émissions de CO2 ont baissé de 4,5%.

Quel est le bon chiffre dans tout ça quant à la mesure de la performance ? C’est évidemment le dernier. Non pas parce qu’il est le plus flatteur, mais parce qu’il correspond à la réalité d’aujourd’hui.

Aujourd’hui tout le monde s’accorde, pour considérer, que sans prétendre que les ressources en combustibles sont indéfiniment extensibles, nous avons des ressources importantes devant nous.

Certes il pourrait y avoir des tensions sur l’approvisionnement par manque de capacité, il pourrait y avoir des événements géopolitiques qui mettront un peu d’angoisse dans tout cela. Mais fondamentalement, si l’on brûlait aujourd’hui toutes les ressources en combustibles trouvés, le pétrole, les nouveaux pétroles, le gaz, le gaz de schiste et puis la ressource énorme que constitue le charbon, on provoquerait instantanément un désastre écologique.

Donc la vraie rareté aujourd’hui, c’est le problème du CO2 et non pas le problème des ressources énergétiques.

Et c’est donc bien les objectifs en matière d’émissions de GES d’une façon générale, de CO2 liées à l’utilisation de l’énergie qui nous occupent ici, qui constituent le point essentiel.

Ceci est apparu clairement dans le débat sur la transition énergétique où c’est véritablement le CO2 qui, in fine, a été un élément moteur. En fait dans les scénarios qui ont été présentés il y a différentes philosophies.

Il y a les scénarios qui, tels celui de l’ADEME et encore plus celui de Négawatt, font reposer, pour l’essentiel, les économies de CO2 sur les économies d’énergie. Mais il y a d’autres scénarios qui, tout en prônant la sobriété énergétique, jouent à fond sur la capacité de décarbonation par le recours à des vecteurs décarbonés qui peuvent être bien sûr l’électricité mais aussi des formes d’énergies non carbonées utilisées dans les systèmes existants.

« Alors j’en viens maintenant à une réflexion qui partira du système électrique. »

Quel que soit le scénario que l’on retient sur le nucléaire, soyons orthodoxes, 50% de nucléaire en 2025-2030.

Si l’on veut maîtriser les émissions de CO2, il est évidemment indispensable de commencer par dégrader les émissions de CO2 du système électrique. Donc, je mettrai comme contrainte, pas plus de CO2 qu’aujourd’hui dans la production de l’électricité en 2025-2030. Donc 50% de nucléaire, 10% de fossile donc 40% d’EnR.

Sur ces 40%, 14% existent, c’est l’hydraulique. Le reste, ce sont des éoliennes; ce sont des centrales photovoltaïques ou des photovoltaïques explantées de façon diffuse; ce sont des productions à partir de déchets d’énergies renouvelables, etc…

Nous savons tous ici que cela pose un redoutable problème de fonctionnement du système électrique. Problème totalement maîtrisable, certes, mais qui risque d’être extrêmement couteux en régulation par les combustibles fossiles et donc en émissions de CO2.

Jean Bergougnoux pense, que ce problème n’est pas soluble si l’on ne fait pas appel, et il croit que l’ADEME est aussi dans cette logique, à une régulation d’équilibre production/consommation par la demande.

C’est-à-dire mobiliser des capacités de modulation et des capacités d’effacement, que l’on envisageait naguère essentiellement pour maîtriser l’aléa climatique, mais, que l’on doit envisager plus encore demain, pour maitriser l’aléa du côté de la production dû à ces énergies que je qualifierais d’intermittentes, même si certains disent que ce n’est pas un terme convenable.

Quels sont les moyens dont nous disposons pour agir ?

Et bien, c’est essentiellement chez le consommateur final et, singulièrement chez le consommateur domestique, qu’existent des possibilités. Nous avons aujourd’hui une puissance installée en chauffe-eau de l’ordre 30 mégawatt ce qui est de l’ordre de grandeur de la dispersion de la production éolienne, pour fixer les idées, en supposant qu’on en ait mis un bon paquet correspondant au schéma que j’évoquais tout à l’heure.

Alors ça c’est très gentil, et, on saurait faire s’il le fallait sauf que, il y a tout de même un menu problème, qui est que, il peut ne y avoir de vent pendant sept jours. Et on ne va pas empêcher les gens de se laver pendant une semaine!

Donc il faut trouver autre chose.

Et autre chose, il semble que c’est avec évidence, les dispositifs bi-énergies, au niveau de la production de la chaleur pour chauffer les bâtiments et de l’eau chaude.

« Je sais que nos amis Gaz de France y réfléchissent de leur côté« . Ils savent parfaitement que le rendement d’une chaudière à gaz en été pour faire de l’eau chaude est une calamité et qu’on est très loin des rendements théoriques pris en compte notamment dans les réglementations thermiques. Et, leur idée serait peut-être de compléter leur chaudière par un chauffe-eau thermodynamique pour avoir une efficacité énergétique meilleure.

« Alors, nous notre vision est un peu différente, ça serait plutôt une pompe à chaleur double service avec un complément fioul ou gaz.« 

« Alors, je pense que ça c’est véritablement l’avenir. Je vais maintenant aller plus loin, je rêve d’une ADEME qui serait maîtrise des émissions de CO2 et qui intègrerait pleinement dans sa réflexion les substitutions possibles économisant les CO2 même si leur implication en termes d’économie d’énergie finale n’est pas totalement évidente. »

D’ailleurs l’ADEME est déjà dans cette logique. Lorsqu’elle pousse au développement des EnR, il n’y a pas d’économies d’énergie finale mais de fortes économies de CO2 possibles.

Donc véritablement, il me semble que nous avons là un créneau d’avenir sur lequel il faut travailler.

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