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Chauffage des Français : électricité décarbonée ou gaz fossile ?

GAZ
Par le |

Pour Brice Lalonde, président d’Equilibre des Energies et ancien ministre de l’Environnement, les promoteurs du gaz poussent le bouchon trop loin.

Madame Kocher nous a habitués à beaucoup de clairvoyance et de hauteur de vue dans le courageux virage qu’elle fait prendre à Engie en dépit des réticences de barons assis sur la rente gazière. C’est dire notre consternation en découvrant sa récente charge, un rien caricaturale, contre l’électricité, 

Sans doute l’approche de la future réglementation  thermique des bâtiments dite RE 2020 explique-t-elle cette brusque tension. C’est que l’obligation d’un indicateur carbone pour lutter contre le dérèglement climatique pourrait modifier la répartition des sources d’énergie dans le chauffage des bâtiments, aujourd’hui dominée par le gaz fossile ;

Dans sa volonté de défendre ses parts de marché, la directrice générale d’Engie néglige totalement la lutte pour la préservation du climat et s’en tient au pouvoir d’achat, se référant sans doute à la crise des gilets jaunes. Mais son argument est inexact.

Lire aussi : Les Calculs douteux des promoteurs du gaz fossile pour préserver des parts de marché au détriment du climat

Inexactitude n°1 : le prix 

Selon ses dires, le chauffage électrique « coûterait plus cher que le chauffage au gaz ».

En fait, un logement collectif neuf issu de la réglementation thermique actuelle et chauffé à l’électricité aura des factures 25 % moins élevées que s’il l’était au gaz.

Pourquoi ? Parce ce que l’exigence environnementale pour les logements neufs chauffés à l’électricité décarbonée est largement supérieure à ceux qui emploient  le gaz fossile. De ce fait, les premiers sont mieux isolés et donc consomment moins, ce qui mécaniquement fait baisser les factures (cf. annexes).

Lire aussi : L’isolation des logements neufs chauffés à l’électricité supérieure à celle des logements chauffés au gaz

Inexactitude n°2 : oublier la préservation du climat 

Isabelle Kocher et les promoteurs du gaz fossile évitent la question climatique

Pourtant, le constat est clair : les chaudières à gaz ne sont pas compatibles avec la lutte contre le dérèglement climatique et l’atteinte de la neutralité carbone en 2050, aussi bien aujourd’hui que demain, comme l’a démontré le cabinet Carbone 4. Exclure les chaudières au gaz est encore plus justifié pour les bâtiments neufs qui doivent servir d’exemples pour l’ensemble des bâtiments.

Même en se basant sur les hypothèses les plus optimistes de ses promoteurs qui tablent sur une pénétration conséquente de biométhane (30%), le gaz restera le mode de chauffage le plus carboné en 2030. Faudra-t-il alors subventionner des travaux de substitution ? 
L’urgence climatique et l’objectif de neutralité carbone nous imposent d’être cohérents et de respecter une réglementation des bâtiments bas carbone. C’est simple, pour être great again la planète doit brûler de moins en moins de combustibles fossiles.

Lire aussi : UBU et les gaziers – Tribune de Brice Lalonde

Annexes

Le chauffage électrique coûte moins cher que le chauffage au gaz dans les logements collectifs neufs !

Source : Tableau comparatif logement gaz / électricité (RT 2012, chiffres au 1er juillet 2019)

Importer du gaz fossile a coûté 8,5 milliards d’euros à la France en 2017

Le gaz vert suffirait-il à décarboner le gaz fossile ?                                             

En réalité le gaz restera l’énergie la plus carbonée en 2030 même avec 30% de gaz vert !

Dans le cadre de la future réglementation des bâtiments neufs (RE 2020), le calcul des émissions de gaz à effet de serre de l’électricité du réseau à l’usage de chauffage est en train d’être revu par les pouvoirs publics. Si les arbitrages se confirment, sa nouvelle valeur du contenu CO2 de l’électricité serait de 80gCO2e, et non plus 147gCO2e.

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